L’année 1972 est jalonnée de l’inauguration de trois écluses: celle de Suresnes, celle du port de Dunkerque et celle du port du Havre. Suresnes ouvre le bal mi-janvier. La troisième écluse de Suresnes, 185 m de longueur sur 18 m de largeur, permet le passage des convois de 180 m de long et 11,40 m de large qui circuleront bientôt, dès l’achèvement de l’écluse d’Andrésy, d’un bout à l’autre de la Basse-Seine, rapporte Le Journal de la marine marchande. Pour le ministre de l’Équipement et du Logement, Albin Chalandon, cet ouvrage est « exemplaire parce qu’il est utile, parce qu’il a été réalisé à temps, parce qu’il est à la pointe de la technique, même au plan européen et, enfin, parce qu’il a été mené à bien sans dépassement de crédits ». En mars, il revient au Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, d’inaugurer la nouvelle écluse du port de Dunkerque. Cette dernière est baptisée Charles de Gaulle, « en l’honneur du grand Français mort le mois même de la mise en eau de l’ouvrage en novembre 1970 », précise le directeur du port de Dunkerque, M. Bœuf. La cérémonie est aussi l’occasion de rappeler « la situation privilégiée de Dunkerque, son site nautique, les vastes étendues de terrains aptes à recevoir des industries nouvelles, ce qui confère au port des avantages exceptionnels de nature à favoriser la reconversion de toute la région du Nord et qui donne à l’établissement une vocation internationale ». L’ambition de Dunkerque étant triple: un port de transit, un port pétrolier, un port industriel, souligne M. Touzet, président du conseil d’administration. Fin octobre 1972, au Havre, Olivier Guichard, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Équipement, du Logement et du Tourisme préside les cérémonies d’inauguration de l’écluse François Ier et du quai de l’Europe. Pour le JMM, en plaçant sous le vocable François Ier la grande écluse qui donne accès au canal central maritime et au canal de jonction, comme en nommantquai de l’Europe l’ouvrage bordant le deuxième terminal à conteneurs, le port du Havre a associé les sentiments légitimes de reconnaissance envers le souverain auquel est due la fondation du Havre à sa volonté d’être au service de l’Europe et de la future Union européenne. Ces trois inaugurations d’écluses au cours de l’année 1972 mettent aussi en avant la navigation intérieure, ses ambitions et ses difficultés. Le trafic fluvial a doublé entre 1960 et 1970 et devrait suivre le même chemin entre 1970 et 1980, rappelle à Suresnes Jacques Trorial, président du Port autonome de Paris. Toutefois, les professionnels demeurent préoccupés par le besoin d’infrastructures fluviales adaptées à grand gabarit mais sans oublier « les petites voies ». Pour Albin Chalandon, les investissements dans les voies navigables viennent après ceux dans les routes et les ports maritimes. « Les voies navigables posent un problème difficile parce qu’il s’agit d’une infrastructure rigide. Pour être utile, elle doit être achevée sur tout son parcours. Elle exige le tout ou rien. On ne peut donc commencer par elle et ceci explique la priorité donnée aux grandes réalisations portuaires. » Pour le ministre, les objectifs à plus long terme restent « évidemment » les opérations Seine-Est et Rhin-Rhône, mais « il est nécessaire d’avoir présent à l’esprit les chiffres des dépenses qu’elles impliquent ».
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Il y a 40 ans… – dans le Journal de la Marine Marchande
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