Il y a 20 ans, le plus grand rassemblement européen de vieux gréements a réuni près de 2 500 navires dans le port de commerce et dans la base navale de Brest. Une quasi-révolution qui a offert l’occasion de braquer les projecteurs sur des navires de travail condamnés à une inexorable disparition, et permis à la Marine nationale d’opérer une mue culturelle. Se promener en base navale sur les deux rives de la Penfeld et jouer Woodstock sur les pelouses de l’Amirauté n’était en effet pas gagné d’avance. Tout comme faire accepter par les professionnels portuaires qu’ils cessent toute activité au port de commerce pendant les six jours de la fête…
Reconduit tous les quatre ans, le concept a par la suite un peu évolué. Passant du « Rassemblement des vieux gréements » au « Rassemblement des bateaux et des marins », il s’est très internationalisé tout en s’ouvrant à des navires récents. « On ne le dira jamais assez, c’est avant tout l’extraordinaire diversité des flottes qui fait la richesse sans pareille de l’événement brestois et son puissant attrait pour tous les publics, des plus spécialisés aux plus néophytes », clament les organisateurs. De fait, les plus grands voiliers du monde (Sedov, Krusenstern, Cuauhtemoc, Belem…) ont côtoyé cette année les navires de petite plaisance traditionnelle, ceux de pêche et de travail, ceux à moteur de collection, des répliques de vieux gréements historiques souvent héros de hauts faits de l’histoire maritime (Étoile-du-Roy, Göteborg, Shtandart, La-Recouvrance, Le-Renard…), d’imposants bâtiments militaires (frégates française De-Grasse et russe Kaliningrad, patrouilleur marocain Bir-Antaram), des navires de recherche (Genavir, Beautemps-Beaupré du Shom…), des remorqueurs de haute mer (Abeille-Bourbon), des canots tout-temps de la SNSM, des voiliers de course au large, des bateaux exotiques (jonques et bateaux-paniers asiatiques, pirogues à balanciers polynésiennes, jangadas brésiliennes, coutas australiens, sandecq indonésiens…) ou encore le Saint-Pétersbourg, un imposant brise-glace russe toujours en activité.
Des navires qui naviguent tous les jours
Forte d’un millier d’unités et de 9 000 marins, cette flotte éclectique s’est laissée admirée et visitée par plus de 700 000 visiteurs venus à Brest ces 6 jours. Mais elle n’avait rien d’un musée flottant comme on peut le voir dans certains rassemblements similaires. Les Tonnerres de Brest – nouvelle appellation du rendez-vous quadriennal – ont en effet pour principe de faire naviguer tous les navires inscrits. Un tiers d’entre eux fait le spectacle en rade-abri, devant la marina du Château, en Penfeld et au port de commerce. Un autre tiers navigue et régate chaque jour en grande rade alors que le dernier tiers reste garnir les quais. Et en fin d’après midi, tous les navires sortis naviguer offrent un magnifique spectacle très haut en couleur en regagnant leurs places à quai, à couple ou au mouillage. Les Tonnerres de Brest ont la particularité d’offrir un show nautique très vivant où tout un chacun peut admirer les délicates manœuvres d’accostage le long des 8,5 km de quais. Sans parler du dispositif terrestre étalé sur 90 ha (l’équivalent de Disneyland Paris), où de très nombreux stands (25 000 m2 de barnums) ont permis d’enrichir sa culture maritime.
Cette 6e édition du rassemblement brestois a même eu droit à la visite de François Hollande. Après le défilé du 14 juillet, sur les Champs Élysées, il est venu à Brest visiter le centre Océanopolis avant d’embarquer à bord d’une vedette de l’armement Azenor pour traverser la rade au milieu des flottilles, monter à bord du remorqueurAbeille-Bourbon, déambuler jusqu’au village « Avoir 20 ans dans les ports européens » et visiter l’Espace des sciences et des technologies de la mer. « La venue du président de la République a été un coup de projecteur exceptionnel sur nos fêtes maritimes, a commenté François Cuillandre, maire de Brest. Le public que j’ai rencontré au long de ces 6 jours est satisfait et cela me rend heureux. Nous pouvons déjà l’annoncer: il y aura des Tonnerres de Brest 2016. »