Affichant 5,7 M€ de pertes en 2009, 13 M€ en 2010 et 18 M€ en 2011, Brittany Ferries ne peut que réagir pour tenter un retour à la compétitivité et un sauvetage de l’armement. C’est chose faite depuis le comité d’entreprise extraordinaire tenu le 8 juin à Roscoff. « Il est désormais impératif que la compagnie adapte son modèle économique face à une conjoncture fortement dégradée et une concurrence qui n’est pas soumise aux mêmes contraintes de pavillon ni exposée aux variations de la parité livre/euro », explique la direction dans un communiqué. Une parité monétaire (recettes majoritairement en livres sterling et dépenses en euros) qui, à elle seule, coûte près de 15 M€ à l’armement. Sur les 2 600 000 passagers et 800 000 véhicules de tourisme transportés chaque année, 85 % sont en effet britanniques. La direction a ainsi indiqué qu’en l’absence de mesures de restriction, la compagnie (2 500 employés) serait en panne de trésorerie dès mars 2013. « On peut et on va s’en sortir, souligne-t-elle. Mais encore faut-il nous en donner les moyens. » D’où le plan assez drastique de mesures organisées autour de deux types: un volet social et un volet commercial.
Le premier envisage d’ores et déjà « la réduction des coûts salariaux par des mesures telles que l’annualisation et l’aménagement du temps de travail et la suppression de certains avantages. » Ce qui fait un peu remuer dans les brancards la CGT maison, prête à accepter des efforts… mais pas n’importe quoi.
Un plan de flotte 2012-2013
Le second volet concerne la rationalisation de l’exploitation des navires, avec notamment la suppression d’un certain nombre de traversées en pré et post-saison sur les lignes transmanche. Rendu public par la direction de l’armement le 21 juin, le nouveau plan de flotte concocté pour 2012-2013 fait ainsi état du réarmement du Barfleur et du non-renouvellement du joint-venture avec Condor ferries. Pourtant affrété par DFDS et exploité sur la ligne Calais/Douvres sous le nom deDeal-Seaways, Le navire mixte Barfleur sera ainsi de retour sur la ligne Poole/Cherbourg en mars 2013 où il remplacera le NGV Condor-Vitesse et le fréteur pur Cotentin. Quant au NGVNormandie-Express, il ne sera exploité que de mi-mai à début septembre. « À ce jour, la décision concernant l’exploitation du Cotentin après mars 2013 reste en réflexion », ajoute la direction de Brittany Ferries en précisant que le nombre de traversées, en avant et après-saison, sur les lignes de Caen-Ouistreham et de Saint-Malo « sera réajusté pour optimiser le remplissage des navires ». Bref, ce n’est pas la joie et la voilure est considérablement réduite dans le gros temps économique que rencontre la compagnie.
Seules les lignes longues sur l’Irlande et l’Espagne, desservies par le Pont-Aven et le Cap-Finistère, sont épargnées. Bien que rencontrant un beau succès, elles ne représentent que 250 000 passagers par an. « Il en sera de même avec l’Armorique au départ de Roscoff et le Bretagne au départ de Saint-Malo », assure la direction de l’armement. Transgascogne et Manche Ouest résistent apparemment mieux que Manche centrale et Manche Est.