« Nous avons interpellé la Commission européenne. Nous sommes d’ores et déjà en capacité de bloquer les ports si elle veut passer en force. » À Nantes, les 19 et 20 juin, l’ICD (Conseil international des travailleurs portuaires) Europe, par la voix de son nouveau coordinateur, le Français Thierry Tetard, a lancé la mobilisation contre le projet du commissaire Siim Kallas, en charge des transports, de nouvelle directive sur les ports.
Les syndicats portuaires de neufs pays européens ont été représentés: Suède, Danemark, Italie, France, Espagne, Portugal, Grèce, Chypre, Malte. 115 délégués, en comptant les quelques représentants d’Argentine et des côtes Est et Ouest des États-Unis. Tous remontés contre les accès de dérégulation que suscite la crise économique. Ils donnent des exemples. Le port du Pirée, en Grèce, où le chinois Cosco rejette toute implantation syndicale. Le gouvernement portugais, qui estime que « le modèle de management et la puissance des syndicats doivent changer dans les ports ». Pour le Suédois Peter Shaw, coordinateur jusqu’ici de l’IDC Europe, « partout en Europe, les syndicats portuaires restent puissants et c’est cela que la commission européenne veut casser sous l’influence des armateurs et des grands opérateurs de terminaux. Elle veut mettre fin au passage au statut social acquis par les personnels. D’accord, le projet de directive ne parle plus d’auto-assistance (sel-handing). Il accepte aussi les pools de manutentionnaires sur les quais. Mais c’est pour mieux affirmer que les opérateurs géreront l’emploi comme ils veulent. Les intentions restent les mêmes: il s’agit de déréglementer les métiers portuaires, de faire en sorte que le premier venu, pas formé, pas protégé puisse être engagé sur les quais pour faire le travail. »
Les syndicats de l’IDC Europe estiment être mieux organisés aujourd’hui pour résister que lors des premiers projets de directive de la Commission, en 2002 et 2006, finalement repoussés par le Parlement européen. Plus unis avec ETF, la confédération européenne des salariés du transport. « Ils nous ont défendus, à Anvers, quand nous nous battions contre la réforme portuaire en France », rappelle Thierry Tetard, qui est aussi le secrétaire adjoint de la fédération nationale des ports et docks CGT. L’un des prochains rendez-vous cruciaux sera la conférence des ports organisée les 25 et 26 septembre prochain à Bruxelles.