L’hypocondrie est assimilée, selon les psychiatres, à un trouble obsessionnel compulsif. Se croire toujours atteint d’un mal que même un diagnostic approprié ne peut pas contredire semble avoir atteint une partie de la population du transport fluvial en Europe. Le retour aux commandes des plus hautes fonctions de l’État des socialistes et la constitution à l’Assemblée nationale d’un groupe politique d’Europe, Écologie Les Verts a fait ressurgir dans les esprits des opérateurs du transport fluvial de vieux fantômes. Les opérateurs fluviaux sont atteints du syndrome de 1997. Ils craignent de voir le projet de liaison fluviale à grand gabarit Seine-Nord être abandonné sur l’autel des restrictions budgétaires, ou d’opposition par des associations écologistes. En 1997, Lionel Jospin, nommé à Matignon, a, dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, mis à la corbeille le projet sur le canal Rhin-Rhône. Une décision politique soufflée par les écologistes de l’époque pour permettre aux socialistes d’avoir une majorité absolue. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault pourrait-il abandonner Seine-Nord dans l’état actuel? Politiquement, les socialistes ont une majorité absolue au Parlement et dans les régions concernés et n’ont jamais montré d’opposition à ce projet. Du côté des écologistes, l’opposition à Seine-Nord est une tendance minoritaire. Si François Hollande veut entrer dans une politique keynesianiste d’infrastructures, Seine-Nord pourrait en être un moteur. Seule l’austérité budgétaire pourrait contrecarrer ce projet. Admettre que l’équation « socialistes + verts = abandon du fluvial » comme un axiome relève plus de l’hypocondrie que de la raison.
Édito
Hypocondrie
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