Le Néerlandais Damen a repris la réparation navale brestoise

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Longtemps surnommée le « garage à pétroliers », la Sobrena a très habilement su diversifier ses activités en se plaçant à la pointe de la maintenance des LNG. Elle est même devenu une référence en la matière. Mais en septembre, après trois trimestres où 32 navires (contre 39 l’année précédente) ont été reçus dans les deux grandes formes de radoub de Brest, aucun dans la forme 1 rénovée à grands frais et 14 navires aux quais de réparation (contre 26 en 2011), le plan de charge est resté désespérément vide. François Meunier, le p.-d.g. de Sobrena, informe alors ses salariés qu’il envisage du chômage partiel, du licenciement, voire un dépôt de bilan d’ici la fin de l’année. Les quelque 800 personnes qui vivent de la réparation navale brestoise prennent la nouvelle de plein fouet. Même les politiques et les institutionnels tombent de leur fauteuil. Rien n’a en effet filtré lors du conseil portuaire de juin auquel a assisté le représentant de la Région, pourtant propriétaire des formes de radoub depuis 2007!

Intelligemment épaulés par Olivier Le Pichon, secrétaire général de l’union locale CGT, les syndicats et les salariés montent alors au créneau. Refusant de tirer un trait définitif sur la réparation navale brestoise, ils font pression pour obtenir la tenue d’une table ronde sur le sujet. Et ils obtiennent gain de cause trois jours plus tard, lorsque des représentants de l’État, de la Région, du Département, de la Ville et de la CCI se retrouvent à la même table pour parler de plan de sauvetage et d’avenir. « Nous mettrons tout en œuvre pour explorer toutes les pistes et toutes les hypothèses de nature à conforter l’activité de réparation navale à Brest », affirme alors Gérard Lahellec, vice-président de la Région, en phase avec Franck Bellion, président de la CCI. Plus simple à dire qu’à faire, cependant.

Mais la machine est en route et, de manière extrêmement consensuelle, les élus locaux et régionaux (maire de Brest, CCI, députés, Région…) ainsi que les délégués syndicaux sont reçus à Bercy le 10 novembre. L’État s’engage alors à trouver un schéma industriel pérenne avec un ou plusieurs repreneurs. Alors que la Sobrena est mise en redressement judiciaire, le Comité interministériel aux restructurations industrielles (CIRI) confirme avoir le dossier en mains.

Outil performant et personnels qualifiés

Le premier réflexe est de faire jouer la fibre nationale. Pressentis dans un premier temps, DCNS et STX déclinent l’offre. Dans un marché considéré comme atone par la direction de Sobrena, cinq repreneurs potentiels viennent quand même voir de près l’impeccable outil industriel, très bien tenu à niveau par les différents investissements de la CCI. Sur ces repreneurs, trois tiennent la corde et voient leur offre retenue par le tribunal de commerce: le groupe français Eiffage, le chantier à capitaux américains Gibdock de Gibraltar et le groupe néerlandais Damen. C’est finalement ce dernier que, le 30 mars, le tribunal de commerce retient, mettant ainsi fin au lourd suspense auquel était suspendue toute la communauté portuaire brestoise. Un choix qui rejoint d’ailleurs celui des salariés et des syndicats de l’ex-Sobrena.

On ne présente plus le groupe Damen, un grand nom de la construction, de la réparation et de la transformation navales, tant civiles que militaires. Ses 6 000 employés sont répartis sur 11 chantiers dotés de 25 formes de radoub. « Ce qui nous a séduits à Brest, c’est le bon état du puissant outil industriel, les dimensions de la forme 3 (420 x 80 m) et l’expertise des salariés, notamment en termes de LNG », résume Jan-Hein Reeringh, responsable communication du groupe.

De manière à aider au redémarrage de l’activité, Région et CCI ont consenti des facilités à Damen Shiprepair Brest, le nouveau nom de l’ex-Sobrena. Ce qui a sans doute favorisé l’accueil des trois premiers navires, dont deux très symboliques gros pétroliers. Pour autant, tout n’est pas gagné d’avance. Et André Hollander, le nouveau directeur du site, ne le cache pas: « Il y a des efforts à faire en ce qui concerne la compétitivité des coûts, la sécurité dans la réalisation des travaux et la flexibilité du personnel », souligne-t-il. Ce qui signifie des efforts de formation de la part des salariés (sécurité, anglais…), des efforts de flexibilité et des efforts financiers également de la part des services brestois de pilotage, de lamanage et de remorquage. Une partie de bras de fer semble déjà être engagée.

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