Il y a deux ans, Brest a déjà investi 750 000 € dans le Poste d’inspection frontalier et 2,5 M€ dans un tout nouvel appontement sablier. Ce n’est rien par rapport aux investissements actuels dont les chiffres donnent parfois le vertige. Ne négligeant rien, les gestionnaires du port anticipent en effet sur toutes les évolutions attendues. À commencer par la plate-forme multimodale qui peine déjà à accueillir la très conséquente croissance du trafic de conteneurs. Démarrés en 2009, les travaux devraient être achevés fin 2012. Représentant un investissement global de 6 M€, ils portent sur la refonte du réseau électrique, le repositionnement de la voie ferrée desservant les silos, un terre-plein de stockage et de lavage des conteneurs, la redéfinition d’une entrée de plate-forme mixte (vrac et conteneurs) répondant au code ISPS, un aménagement des voiries ou encore l’accès à la route nationale. De quoi traiter dans de bonnes conditions 60 000 à 70 000 boîtes par an. Après, il faudra envisager un autre site.
Ce réaménagement global de la plate-forme multimodale se double d’un plan de renouvellement des grues. Trois équipements de ce genre sont concernés. Revenant à 4 M€, l’acquisition d’une grue automotrice est destinée au déchargement des conteneurs. Assemblée sur site en janvier, cette grue mobile (une Liebherr LHM420) offre des vitesses de mouvement en instantané deux fois supérieures à celles des Reggiane MHC 150 qu’elle supplée. La CCI brestoise a également décidé le renouvellement d’une grue à benne de forte capacité pour le déchargement de vrac agroalimentaire. D’un montant avoisinant les 5,5 M€, cette grue remplacera la FCB5 actuelle. Sa réception est prévue pour avril 2013. Une 3e grue d’une capacité de 90 t a été originellement prévue pour la forme de radoub no 2. Au vu des aléas rencontrés par la réparation navale brestoise, l’appel d’offres a été provisoirement suspendu. La reprise de la Sobrena par Damen Shiprepair Brest va très vraisemblablement relancer le processus. Après la réfection des terre-pleins et de la voirie, celle de l’hydraulique (750 000 €) et de l’électricité (630 000 €) a joué un grand rôle dans la venue de l’opérateur néerlandais. De quoi débloquer sans doute le million d’euros nécessaire à la réfection du bateau-porte 2.
Être au rendez-vous des EMR
Mais tout cela est peu comparé au très ambitieux plan de développement dévoilé fin 2011. Résumé à grands traits, ce plan d’un montant de 150 M€ vise plusieurs objectifs à court, moyen et long terme. Le premier vise à adapter le port de commerce à l’évolution attendue de la taille des navires. Des travaux de dragage sont ainsi envisagés pour creuser des souilles appropriées de manière à améliorer les accès. Le deuxième veut préparer le port à la montée en puissance du trafic de conteneurs.
Bien plus complexe et plus lourd à mettre en œuvre, un troisième objectif cherche à créer de toutes pièces des infrastructures prêtes à accueillir les différentes composantes de l’industrie naissante des énergies marines renouvelables (EMR). Brest ne veut pas manquer le rendez-vous et, pour ce faire, le port et les usagers doivent réfléchir ensemble à la mise en place d’un outil dédié, le plus performant possible, pour un éventail de besoins à couvrir, la grosse attente des consortiums étant d’être au rendez-vous à l’horizon 2015.
Dans ce paysage où, de Dunkerque à Brest, tous les ports de la Manche sont concernés par le marché national des EMR et par le marché anglais en panne de foncier, la question des espaces mis à disposition devient cruciale. Mais elle n’est pas la seule. Si, pour l’éolien flottant, une zone d’assemblage est suffisante, il en va différemment pour l’éolien posé qui demande des dimensions encore inconnues dans la logistique et la manutention portuaires. Les devis de poids étant de 450 t pour les nacelles et de 5 000 t pour les fondations, la réflexion est lancée sur la mutualisation des moyens sur un même lieu. À Brest, tous les éléments de ce gigantesque puzzle se mettent ainsi en place l’un après l’autre.