Côtes d’Armor: renouvellement en vue de la concession portuaire

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« Je ne fais pas de politique désincarnée et déconnectée des choix qui sont opérés, explique en préambule Claudy Lebreton, président du Conseil général des Côtes d’Armor (CG22). J’ai une analyse depuis longtemps déjà et je veux exploiter la situation géographique privilégiée du département en matière maritime pour développer des activités économiques. » Concrètement, le CG22 a la compétence de ses ports mais entend mettre fin à la concession portuaire jusque-là confiée à la CCI du département. Si la procédure administrative est déjà engagée, elle ne sera effective que le 1er janvier 2014. « Le cabinet consulté a déjà rendu sa copie et nous sommes en phase d’étude », précise le président. Cette consultation a pour effet de répondre à plusieurs questions. Le département doit-il avoir plusieurs ports de commerce ou doit-il regrouper en un seul toutes les activités y afférant (dans ce dernier cas de figure, c’est le port du Légué qui est clairement visé)? Le CG22 doit-il revenir en régie départementale avec ses propres fonctionnaires ou doit-il aller vers une Délégation de service public (DSP)? Dans cette optique, deux options sont envisagées: celle d’un groupe privé (tel que Veolia par exemple) ou celle d’une CCI plus institutionnelle. « Toutes les pistes possibles sont explorées », reprend Claudy Lebreton. Considéré pour l’heure comme le fer de lance du transport maritime des Côtes d’Armor, Le Légué est déjà en train de changer. Le CG22 étudie en effet la mise en place d’un syndicat mixte regroupant les agglomérations de Saint-Brieuc et de Plérin, avec le Conseil général comme actionnaire majoritaire. Ce syndicat mixte porterait la concession du port du Légué qui est en cours de constitution.

À ce stade, une question se pose. Pourquoi ne pas se mettre dans le giron de la Région Bretagne, déjà propriétaire des ports de Brest, Lorient et Saint-Malo? « Nos ports costarmoricains sont davantage à vocation locale, rétorque Claudy Lebreton. Et la Région n’est pas très demandeuse. Elle préfère soutenir notre initiative et notre gestion par des subventions que de prendre nos ports en direct. »

Nouveau hangar et nouveau quai

Dans l’attente de son nouveau statut qui ne porte que sur son mode de gestion, Le Légué ne reste pas inerte au niveau de ses équipements. En février 2012, un tout nouveau hangar de stockage y a été inauguré. D’un montant de 1,2 M€, financés à 70 % par la CCI, à 20 % par le CG22 et 10 % par Saint-Brieuc agglomération, les travaux ont duré 10 mois. Offrant une superficie de 2 400 m2, ce hangar est constitué de trois cellules. Il permettra le stockage de vracs secs (jusqu’à 6 000 t selon les produits). « Il s’agit d’un nouvel atout pour le développement du port, a commenté Dominique Lecomte, président de la CCI des Côtes d’Armor. Il permettra de capter de nouveaux trafics tels que la drêche de maïs. »

Cette inauguration a également permis de mettre en perspective l’aménagement global du port. Un 4e quai est d’ores déjà prévu pour accueillir les caboteurs dans l’avant-port. « Si tout n’est pas encore bien calé, ce futur quai de 100 m à 120 m de longueur, avec un nouveau terre-plein attenant, devrait permettre d’augmenter l’accessibilité au port », commente-t-on à la CCI de Saint-Brieuc. Les contraintes dues aux marées limitent en effet à 20 jours sur 30 l’accueil des navires. Situé dans le chenal d’entrée, ce nouveau poste à quai devrait permettre un meilleur accès en début et fin de marée. « Nous allons réaliser ce 4e quai, affirme Claudy Lebreton qui entend également faire bénéficier les Côtes d’Armor des retombées du champ éolien offshore programmé en baie de Saint-Brieuc. Le port de base qui y est prévu pour la maintenance comptera 150 personnes à plein-temps. Et je n’abandonne pas non plus l’idée de faire Le Grand Légué, avec un avant-port à flot. » Une décision qui dépend bien évidemment d’un retour à meilleure fortune des finances départementales…

100 000 t de laitier de ciment au Tréguier?

Pour l’heure, trois ports des Côtes d’Armor accueillent des activités commerce: Le Légué, Tréguier et Pontrieux. Après deux années de baisse d’activité (2009 et 2010), le port du Légué a retrouvé, en 2011, son activité de 2008. Soit 199 escales et 364 170 t de marchandises (agroalimentaire, bois, produits de carrière, engrais, sel, sable et amendements, ferraille). « Cette progression est notable depuis 2003, année de mise en service de l’avant-port » commente-t-on à la CCI où on constate un accroissement continu du tonnage moyen des navires (1 830 t) et, en corollaire, une baisse de l’activité des bassins (15 % des trafics seulement).

L’activité du port de Pontrieux (77 000 t) est uniquement liée à l’usine de la Secma (groupe Roulier). Elle est en diminution en raison du transfert des déchargements sur Tréguier. Mais des menaces pèsent sur cette activité. En effet, si la Secma n’obtient pas les autorisations d’exploitation de sable marin, le port risque, à moyen terme, de perdre son activité majeure.

Avec 68 000 t, le port de Tréguier a connu un léger rebond en 2011 grâce au transfert des activités de la Secma au détriment de Pontrieux. Mais ce rebond masque des difficultés liées à la conjoncture économique et aux décisions de chargeurs de modifier leurs flux logistiques. À moins qu’un miracle ne se produise…

L’implantation de silos destinés à stocker du laitier de ciment est en effet loin de faire l’unanimité à Saint-Malo. Si la CCI ne crache sur l’aubaine d’un nouveau trafic de quelque 100 000 t/an, la mairie malouine ne voit pas d’un bon œil des silos de 21 m de hauteur gâcher le panorama de sa ville touristique! La patience de l’opérateur ayant ses limites, si le projet malouin capote, c’est Tréguier qui va en bénéficier.

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