Depuis plusieurs années, les titres des bilans annuels présentés par la CCI brestoise n’ont jamais varié. « Record historique pour le port de Brest », ont-ils affiché avec une sereine constance alors que la crise frappait assez durement d’autres ports. Ces cinq dernières années, les écarts ont considérablement varié d’un bilan à l’autre: + 16 % en 2007, + 1 % en 2008 et 2009, + 5 % en 2010 et+ 3 % en 2011. Frôlant les 2,8 Mt en 2007, les bilans ont légèrement dépassé les 3 Mt en 2011. Ils ont atteint 2,9 Mt l’année précédente.
La CCI brestoise classe bien évidemment les différents trafics en totalisant le total des vracs solides, celui des vracs liquides et celui des divers. Une autre grille de lecture est cependant possible. Les trafics brestois se divisent globalement en trois tiers, quasi équilibrés, qui constituent les socles d’un solide trépied: l’agroalimentaire, les hydrocarbures et les marchandises diverses/ vracs solides non agroalimentaires. En dépit de quelques inévitables disparités d’une année sur l’autre, chaque pied de ce « triskell brestois » a tourné autour du million de tonnes.
Port éminemment tourné vers l’agroalimentaire, Brest y puise son identité et ses trafics. Les vracs solides agroalimentaires sont constitués de matières premières agricoles (MPA) qui, avoisinant le million de tonnes chaque année, sont la véritable locomotive du port du Ponant. Au doublement des tapis transbordeurs s’est récemment ajoutée une nouvelle grue et, à terme, le creusement des souilles devrait permettre au terminal dédié de recevoir de plus gros navires, du type postpanamax.
Un triskell à 3 Mt
Les hydrocarbures constituent le deuxième gros poste du port de Brest. Frôlant le million de tonnes depuis 2007, il est passé sous la barre des 850 000 t en 2011. Les hivers doux et la baisse des biocarburants en sont les principaux responsables. Et la hausse des gaz liquéfiés (+ 19% en 2011 par exemple) n’a pas réussi à compenser la baisse globale de 12 % enregistrée en 2011. Seul le projet de stockage de kérosène, destiné aux avions de l’aéroport en constant développement, permettrait de franchir la barre tant attendue du million de tonnes.
Pour 1 Mt également, le troisième pôle regroupe les marchandises diverses et les vracs non agroalimentaires. C’est grâce à ces derniers que le paysage portuaire brestois a été modifié puisque la spectaculaire envolée du trafic par conteneurs (55 000 boîtes l’an dernier contre 28 000 en 2007) y puise sa raison d’être. Brest est en effet le premier port européen d’exportation de viandes congelées et, ces cinq dernières années, les porte-conteneurs ont détrôné les classiques reefers et leur chargement sur palettes. Les armateurs (MSC, CMA CGM et Mærsk) et le port ont même dû s’adapter à cette montée en puissance. Les premiers en mettant en ligne des porte-conteneurs plus importants (jusqu’à 2 000 boîtes) et le second en revoyant sa copie en termes de grues à l’efficacité accrue, de réaménagement et d’agrandissement de la plate-forme multimodale. Ce trafic de viandes congelées a cependant subi des aléas (grippe aviaire en 2006, par exemple). Mais, de 205 000 t en 2007, ils ont retrouvé des couleurs en frôlant les 268 000 t en 2011. La création d’un Poste d’inspection frontalier (PIF) en 2011 devrait également ouvrir la voie à des importations alimentaires. À ces trafics dédiés, il convient de rajouter celui de la pomme de terre (près de 20 000 t en 2011) et de la poudre de lait (près de 27 000 t). Avec le constat évident d’un transfert de la palette vers le conteneur.
Port résolument tourné vers l’agroalimentaire, Brest n’en néglige pas moins d’autres créneaux qui boostent ses trafics. Les vracs solides non agroalimentaires sont de ceux-là. Franchissant pour la 1re fois la barre des 100 000 t en 2007, les ferrailles ont dépassé les 130 000 t en 2011 et ont permis une augmentation structurelle des trafics brestois. Ces cinq dernières années, les pondéreux pour le bâtiment ont connu des fortunes diverses. En 2008, la restructuration du groupe Lafarge a fait disparaître le clinker et chuter durement le ciment. Depuis lors, du fait de gros chantiers (tramway de Brest, port de Roscoff), ce dernier a repris des couleurs (près de 79 000 t en 2011). En revanche, la fermeture de carrières terrestres et l’aménagement d’un nouveau terminal sablier ont littéralement fait bondir les trafics de sable (350 000 t en 2011).