En mai 1947, Le Journal de la Marine Marchande présente un compte rendu de la première assemblée générale de la Baltic and International Maritime Conference organisée depuis l’interruption de ce type de réunion plénière en 1938 à cause du conflit mondial. Les intervenants mettent tous en avant « les difficultés auxquelles se heurtent les armateurs par suite du bouleversement économique né de la guerre ». Le Royaume-Uni a perdu « sa situation prépondérante », un grand nombre des anciens marchés de matières premières et de denrées en Extrême-Orient, Mandchourie, mer Noire et Danube « sont moribonds ». À l’opposé, de nouveaux courants de trafics se sont créés au départ des États-Unis. Parmi les préoccupations des armateurs, en 1947, figure l’intervention des gouvernements dans le domaine de l’exploitation maritime et l’introduction de clauses spéciales dans les chartes-parties. Sur ce sujet, l’assemblée générale a adopté une résolution pour dénoncer cette tendance. Parmi les points relativement positifs en 1947, « les frets se maintiennent à des taux élevés ». Mais les frais d’exploitation sont le double ou le triple d’avant-guerre: « Les demandes – souvent excessives – de la main-d’œuvre, les menaces d’inflation, l’augmentation des charges fiscales et l’incertitude de la situation économique constituent autant de préoccupations majeures pour les armements », a précisé le président de la Baltic and International Maritime Conference, M. F. Odfjell. Ce dernier a également souligné qu’en dépit de la perte de 50 Mt de navires pendant la guerre, « la flotte mondiale est plus importante en 1947 qu’à aucun moment de son histoire ». Concernant la France, le représentant du pays à la conférence a insisté « sur l’effort considérable de redressement accompli depuis la Libération », rapporte Le Journal de la Marine Marchande. Le tonnage commercial français, qui était au 1er janvier 1947 de 1,5 Mt, devrait atteindre 2,6 Mt fin 1948 et 3 Mt en 1950. Au-delà de cette date, « les armateurs devront procéder méthodiquement au rajeunissement de leurs flottes ». En 1947, la flotte française demeure encore sous le régime de la réquisition générale malgré le désir exprimé à différentes reprises par les armateurs d’un retour à la liberté d’initiative et d’entreprise. Les flottes des autres pays ont retrouvé, elles, leur entière liberté. La situation des ports de l’Hexagone, « ravagés par la guerre », apparaît meilleure que prévu. « Le programme de reconstruction que l’on croyait devoir exiger cinq ans pourra être achevé, espère-t-on, en trois ans. » Enfin, comme partout dans le monde, les frais de port ont augmenté en France. Il revient aux autorités portuaires et à l’industrie privée de pousser le plus activement possible au développement des manutentions mécaniques afin de réduire au minimum les séjours des navires dans les ports, conclut l’article du JMM.
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Il y a 65 ans… – dans le Journal de la Marine Marchande
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