L’appel d’offres remonte à 2009. Il est alors lancé par différents armateurs dans le cadre d’un appel du gouvernement français au partenariat public-privé pour faire construire et disposer de cinq navires de 200 m de long, capables d’emporter des véhicules lourds: deux affrétés en permanence par le ministère de la Défense, les trois autres, exploités par l’armateur mais disponibles pour les militaires en cas de besoin dans un délai de deux semaines.
La CMA CGM vient d’être choisie. « Notre groupe vient d’être officiellement désigné par le ministère de la Défense comme attributaire pressenti pour le contrat de renouvellement des navires rouliers de l’armée française. Les discussions pour la mise au point du contrat se poursuivent désormais entre les deux partenaires et devraient aboutir après l’été 2012. Les chantiers de Saint-Nazaire ont été contactés et ont décliné l’offre de construction. De ce fait, nous étudions la possibilité de faire construire les deux rouliers dans d’autres chantiers en Europe », a indiqué la CMA CGM au Journal de la Marine Marchande.
STX France se refuse désormais à toute déclaration. Le chantier naval, par la voix de Christophe Mabit, son directeur des ressources humaines, a simplement précisé, dans Ouest-France, que « STX France a remis un prix. Mais un chantier spécialisé dans les navires à haute valeur ajoutée a très peu d’atouts pour soutenir la concurrence face à un chantier de production en série de navires très simples. » Une réponse difficile à entendre aujourd’hui alors que le chantier manque de commandes. Après la perte de deux paquebots Viking River Cruises à construire, en avril, il lui en reste deux pour le printemps prochain (un pour MSC, un autre plus petit pour Hapag-Lloyd) auxquels s’ajoutent deux navires de projection pour la Russie. Mais Les chantiers n’ont plus d’intérimaires sur leur site. Parmi leurs 2 100 salariés, quelques centaines sont au moins un jour par semaine en chômage partiel. « Même bientôt parmi les cadres, ce qui ne s’est jamais vu sur les chantiers », souligne Nathalie Durand-Prinborgne, de Force ouvrière.
Du travail avant tout
La CFDT réclame « du travail avant tout ». Marc Ménager, le secrétaire de la section CFDT des Chantiers, ajoute: « Nous ne pouvons pas laisser passer cette opportunité des deux navires rouliers pour le ministère de la Défense, pour les salariés et pour le bassin de Saint-Nazaire. Si nous ne sommes pas compétitifs au niveau des prix avec les pays asiatiques, avec l’Allemagne, le différentiel de prix ne doit pas être un facteur déterminant. » En Europe, les constructeurs de rouliers habituels sont Meyer en Allemagne, voire STX Rauma, en Finlande.
La CMA CGM n’a par ailleurs pas voulu confirmer les rumeurs de commande des trois premiers navires rouliers au Coréen Hyundai Mipo. Voilà, dans tous les cas, le redressement productif du gouvernement arrivé au stade des épreuves pratiques face aux règles de la concurrence notamment européennes.