Ce n’est pas un navire de travail, mais il est plus qu’une unité à passagers, a commencé par expliquer Pascal Piriou, le président du directoire des Chantiers éponymes. Il le définit comme un « navire de connaissance ». Un concept nouveau qui allie la capacité à embarquer des passagers et un équipage pour des voyages de longue durée à caractère scientifique. « Ce navire est destiné à accueillir des passagers ingénieurs, scientifiques ou techniciens au cours de missions lointaines », explique Pascal Piriou. Pendant les escales, il peut devenir un centre de conférence ou un lieu de diffusion pour toutes les questions se rapportant à la conscience environnementale.
« Il s’agit d’une commande historique et significative pour nos chantiers. Elle conditionne notre avenir en nous plaçant sur un nouveau marché, celui des grands navires à passagers », continue Pascal Piriou.
Techniquement, ce navire affiche une longueur de 76,6 m pour une largeur de 13 m et un tirant d’eau de 4,4 m. Des caractéristiques techniques qui lui permettent une navigation fluviale et lacustre. Il a une capacité de 36 personnes, soit 18 membres d’équipage et 18 passagers. Sa propulsion se fait par six groupes électrogènes pour alimenter deux propulseurs azimutaux et un « pump-jet ». Cette propulsion diesel-électrique lui offre une capacité de navigueur par tous temps. En outre, le navire dispose d’une autonomie de 12 000 miles nautiques et de 50 jours en vitesse économique. Il est techniquement habilité à naviguer dans des conditions extrêmes, entre − 20 oC et+ 50 oC.
« Lors de nos entretiens avec l’armateur, la technique a primé sur le financier. Il est venu avec ses propres plans qui ont été validés par le bureau d’études », indique Pascal Piriou.
500 000 heures de travail
Dans son concept, ce navire fait référence, selon le président du directoire des chantiers, aux expéditions menées au XIXe siècle. Il doit allier voyage et recherche scientifique. Pour pouvoir aller dans tous les endroits, il recevra la classification Clean Ship délivrée par le bureau Veritas. Cela signifie que le navire peut conserver à son bord tous les fluides pendant 10 jours sans aucun rejet en mer. Les particules émises par les gaz d’échappement des groupes électrogènes sont filtrées pour éviter les rejets. Une classification qui l’autorise à naviguer dans les eaux antarctiques dont les réglementations sont sévères.
Pour les Chantiers Piriou, cette commande représente 500 000 h de travail sur Concarneau. Un volume d’emploi qui se répartira à 350 000 h pour les Chantiers Piriou et 150 000 h pour les sous-traitants. « Nous avons, avec cette commande, du travail sur trois ans pour 200 personnes. » Le navire est prévu d’être livré au printemps 2015.
L’aspect technique est clairement défini. Le président du directoire des chantiers s’est refusé à donner tous commentaires sur le montant de cette commande et sur le nom du client. Les seuls éléments dévoilés sont que ce navire est évalué à plus de 50 M€. Quant au client, « qui a inclus dans le contrat une clause de confidentialité », il est européen et « a choisi les chantiers Piriou pour des raisons de langage. Il a voulu éviter toute distorsion de compréhension avec le chantier. » Et quand Pascal Piriou raconte la rencontre avec ce mystérieux client, il avoue: « Je suis allé regarder sur Internet dès qu’il est sorti de mon bureau pour voir à qui j’avais à faire. Il n’est pas médiatique. » Autre élément encore imprécis, le navire arborera un pavillon européen, « mais des membres d’équipage français participeront à sa conduite », a déclaré le président du directoire.
Les chantiers Piriou en chiffres
Les Chantiers Piriou, créés par la famille éponyme, sont aujourd’hui entre les mains de Jaccar, appartenant à Jacques de Chateauvieux, à hauteur de 45 %. Quatre dirigeants possèdent 50 %, et un des fils Piriou, 5 %. En 2011, les chantiers ont réalisé un chiffre d’affaires de 151 M€ répartis entre la construction (99 M€), la réparation (46 M€) et les équipements de navires (6 M€). Le résultat net s’établit à 10 M€. 50 % de l’activité est réalisée en France, l’autre à l’étranger, au Nigeria et au Vietnam. En 2012, la répartition de l’activité va peser plus lourdement à l’étranger avec 80 % tout en restant stable sur le site de Concarneau. Le plan de charge de Concarneau comprend actuellement un remorqueur pour l’Algérie et une barge pour la Guadeloupe. Au Vietnam, les chantiers réalisent en moyenne six navires par an principalement des thoniers et des crew boats pour l’offshore. Au Nigeria, ce sont principalement six unités de type crew boats réalisés chaque année.