Frédéric Dufault, urbaniste pour la Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent de 2005 à 2009, rappelle que le port de Montréal, mandataire du gouvernement fédéral, n’est aucunement obligé de suivre les orientations ou les objectifs mis en avant par la Ville de Montréal. Même si « les deux entités ont avantage à garder les canaux de communication ouverts et à travailler dans un sens commun ».
Grappe industrielle sur les transports et la logistique
En 2011, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), à l’origine d’un plan d’aménagement et de développement du Grand Montréal, a proposé à la présidente-directrice générale de l’APM, Sylvie Vachon, de réfléchir à la création d’une grappe industrielle (ou cluster) sur les transports et la logistique.
En novembre, Sylvie Vachon a invité 75 personnes des secteurs maritime, ferroviaire, routier, aéroportuaire et de la logistique à se prononcer. « C’est un franc succès. Nous avons réussi à lever 200 000 $ auprès des entreprises partenaires », affirme Michèle Beaubien, directrice des communications de l’APM. Le ministère des Affaires municipales, le ministère du Développement économique et la CMM se sont engagés à verser 200 000 $ chacun.
Cette grappe permettra d’avoir une vision globale des transports dans la grande région de Montréal dans le but d’améliorer la fluidité des marchandises et d’harmoniser la réglementation.
Cité portuaire
Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, en présentant son plan Stratégie et développement de l’est de Montréal (2011-2017) l’automne dernier, a mis en avant le projet Cité portuaire. On y retrouve un des enjeux principaux pour le port: l’amélioration de la fluidité du transport de marchandises. L’APM a proposé à la CMM deux solutions pour améliorer la fluidité dans le transport des marchandises et aux abords du port, le long de la rue Notre-Dame. Il s’agit de deux aménagements pour rejoindre directement le port de Montréal par l’autoroute A25 et par le boulevard de L’Assomption. Ces voies seraient dédiées aux camions qui font affaire dans le port. « Il y a déjà une bretelle d’accès à l’A25 utilisée pour les véhicules d’urgence. Ce qu’on propose, c’est qu’elle soit réaménagée pour permettre un accès vers le port », dit Sylvie Vachon. Selon elle, il en résulterait un désengorgement de la rue Notre-Dame Est, la voie principale qui longe les installations portuaires et qui relie l’est de la ville au centre-ville. Les travaux devraient se faire en 2013.
Depuis plus de 10 ans, un projet de voie rapide a été plusieurs fois mis sur la table par le gouvernement du Québec, mais la ville de Montréal ne s’entend pas avec la province sur le type de développement à privilégier. Certains voudraient y voir une autoroute, d’autres un boulevard urbain avec des voies réservées pour le transport en commun. La population du quartier s’oppose au projet d’autoroute; le projet stagne et la rue Notre-Dame est engorgée, d’où la nécessité de trouver une alternative pour le transport routier.
La deuxième proposition de l’APM porte sur un prolongement du boulevard de l’Assomption pour permettre un autre accès réservé aux quais. L’industrie du camionnage y gagnerait en fluidité, en rapidité et donc en coût. Des discussions ont cours en ce moment.
Panneaux d’interprétation
La Ville, consciente de l’atout que représente son port, veut faire connaître les activités du site et expliquer son rôle économique aux citadins. De son côté, le port est à l’écoute des communautés aux alentours et réfléchit à mieux mettre en valeur ses activités. Selon Transport Canada, le commerce de conteneurs au port de Montréal a généré en 2008 des retombées d’1,5 Md$ par an et la création de 9 350 emplois directs et indirects au Canada.
« On est très impliqué au sein des différentes communautés de l’est de Montréal », déclare Michèle Beaubien qui siège au sein de la corporation de développement de l’est de la ville. D’autres membres de la direction siègent au sein de chambres de commerce, de collèges ou d’autres institutions voisines.
Le port possède un comité qui reçoit les plaintes des usagers. Des inspecteurs se déplacent sur les lieux. Un comité de liaison avec l’arrondissement d’Hochelaga-Maisonneuve permet aussi de répondre aux demandes du quartier. « Tout est une question d’éducation, pense Michèle Beaubien. Il y a quelques années, on était un secret bien gardé. On s’est développé le long de 26 km de l’île de Montréal et les gens ont eu de moins en moins accès aux berges. » C’est d’ailleurs une des préoccupations des populations riveraines avec le trafic routier et le bruit.
Aujourd’hui, l’APM réfléchit à mettre en place des sites d’observation avec des panneaux explicatifs. « On essaie de trouver des façons de le faire et pour ça aussi, on travaille avec la Ville », poursuit la directrice des communications.
La pression immobilière se fait peu sentir sur le port, sauf dans le cas du quai Bickerdike, tout près du Vieux-Port et du centre-ville. Il est entouré de nouveaux développements comme la cité du multimédia ou le quartier Griffintown. Il est cependant très utilisé par l’APM principalement par la compagnie Oceanex pour du cabotage de conteneurs vers Terre-Neuve-et-Labrador. Il sert aussi de terminal mixte (marchandises et croisière) vers les Îles-de-la-Madeleine et de terminal ro-ro. « On n’a aucune intention de laisser cette portion et ce n’est pas remis en question », dit Michèle Beaubien. L’APM travaille avec la ville pour expliquer aux promoteurs qu’ils ne pourront pas construire en pensant que ce terminal va disparaître.
Les communications avec la Ville sont directes et quasi quotidiennes, assure Michèle Beaubien. À l’occasion de la 13e conférence Villes et ports à Nantes, en France, fin juin, le maire de Montréal et la p.-d.g. de l’APM feront une présentation conjointe.