Longtemps géré par la Chambre de commerce, le port de La Pallice a été boosté par ses récents changements de statut. Port autonome en 2006, puis Grand port maritime en 2008, il est depuis en plein développement. Un développement très fortement accompagné par les collectivités locales, et notamment par la Ville de La Rochelle et l’agglomération qui l’entoure. Pour cadrer les relations entre le port et ces collectivités, une charte de développement durable a été signée par toutes les parties, État, Région, Département, Communauté d’agglomération et Ville de La Rochelle, Communauté de communes de l’île de Ré. « C’est un acte fondateur, souligne Nicolas Gauthier, le directeur du port. Il reconnaît le rôle économique fondamental du port. Il montre la volonté partagée d’assurer son développement. » La charte recense 64 actions concrètes, réparties selon dix thèmes: l’écoute, le dialogue, l’éthique et la transparence, les retombées socio-économiques, la qualité de l’air et du milieu marin, les nuisances sonores et la propreté du port, la protection de la biodiversité et celle du patrimoine, la réduction des impacts de transport avec notamment le développement du ferroviaire, et enfin le lien social.
L’autre document important est le PLU, Plan local d’urbanisme, dont la ville a la maîtrise et pour l’élaboration duquel elle a consulté le port. Ainsi ont pu être clairement définies les zones consacrées au développement urbain, celles dédiées au développement économique et les zones mixtes qui font la liaison entre activité et résidence. Le document est d’autant plus important que l’absence de règles claires jusqu’alors a créé tensions et difficultés avec des riverains, qu’il s’agisse de particuliers ou des associations qui les réunissent. En effet, la proximité d’habitations avec des cuves de produits pétroliers et le danger que représentent les secondes pour les maisons voisines ont conduit à une décision de reloger leurs habitants et de démolir ces maisons. Décision qui a évidemment suscité une véritable opposition.
Une urbanisation en bonne intelligence
Avec le PLU, l’objectif est d’éviter à l’avenir de revivre de semblables difficultés. « Nous avons défini ce qui est essentiel au bien-être des riverains et au développement de l’activité portuaire », indique Nicolas Gauthier. Maryline Simoné, élue en charge des risques technologiques à la Ville de La Rochelle et du développement économique à l’agglomération, va dans son sens: « Nous devons à la fois préserver la qualité de vie et faire en sorte que les entreprises qui peuvent générer des nuisances, par le trafic de camions, la dangerosité de leurs activités, puissent être là tout en prenant en compte les riverains. Nous devons faire en sorte que se développe l’activité économique, mais pas à n’importe quel prix. »
Le PLU a permis de clarifier la destination des différentes zones et l’interface entre elles. Et d’éviter de créer de nouvelles habitations trop proches du port. Cela a été le cas avec un projet de logements dans le bas du boulevard Delmas, boulevard qui, depuis que le port a été isolé de son voisinage, s’arrête là où commencent les grues. « Mais nous avons décidé d’arrêter de construire des habitations trop proches du port, indique Maryline Simoné. Même s’il n’y a pas de problème aujourd’hui, nous pouvons être plus tard confrontés à de nouvelles réglementations ou à un changement d’état d’esprit des riverains. » Alors autant éviter de futures tensions et ne donner qu’une unique fonction à chaque zone. Dans ce même but, des zones tampons destinées aux activités tertiaires ou artisanales se sont mises en place. « Elles ne provoquent aucune gêne pour le voisinage, créent de l’emploi et contribuent au développement durable du port. »
Le partenariat entre la ville et le port s’est aussi traduit dans l’aménagement de La Sirène, la salle des musiques actuelles de l’agglomération qui accueille des concerts tout au long de l’année. Ces concerts se déroulent aujourd’hui dans un bâtiment étonnant qui a fait auparavant partie de l’enceinte portuaire et qui a été cédé par le port à l’agglomération. L’administration portuaire, de son côté, projette de déménager vers un nouveau bâtiment actuellement en projet et situé à l’extrémité du fameux boulevard Delmas. Toujours dans cette logique d’interface, il reliera les deux mondes, celui du port et celui de la ville environnante. Accessible au public, il sera doté d’une plate-forme surplombant les quais et les grues.