La réforme portuaire de 2008 a consacré les anciens ports autonomes sous le label de Grands ports maritimes. Derrière ce vocable se dessine une sorte de hiérarchie laissant penser que les autres ne sont que des « petits ports maritimes ». D’abord, cela paraît dans les faits un peu péremptoire puisque Calais, qui entre dans le top cinq des ports, est relégué à ce rang de petit port maritime. Ensuite, cette réforme consacre un investissement dans ces Grands ports maritimes, mais oublie un peu qu’en marge existent d’autres ports dont le rôle d’aménageur du territoire est tout aussi important. Et quand le ministre des Transports de l’époque annonce des investissements, il pense Grands ports maritimes et zappe ces ports « d’intérêt régional ». Si l’investissement doit être proportionnel au trafic, autant fermer de suite les ports aux trafics réduits. Et bonne chance pour expliquer en Charente-Maritime, dans les Pyrénées-Orientales, en Languedoc-Roussillon ou en Bretagne pourquoi des ports comme Rochefort, Port Vendres, Sète ou Le Tréguier verront leurs investissements se réduire. « On a toujours besoin d’un plus petit que soi », écrivait Jean de La Fontaine. Si certains ports recouvrent moins de trafics, ils n’en demeurent pas moins utiles et souvent recherchés par des opérateurs qui préfèrent la convivialité d’équipes plus restreintes à l’anonymat des grands ports. Monsieur le Ministre délégué, vos nouvelles fonctions vous amèneront à regarder de près le sort de ces établissements. Pensez-vous que si demain Caen, Le Tréguier, Rochefort ou Port Vendres devaient fermer leurs portes, le trafic serait automatiquement répercuté au Havre, à Brest, à La Rochelle ou à Marseille? Les Anglo-Saxons le répètent à l’envi, « small is beautiful ».
Édito
Il n’existe pas de petits ports
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