Le Journal de la Marine Marchande du 26 juin 1992 titre sur la réforme portuaire: « Ports: plus qu’une accalmie? » Depuis le 26 mai 1992, les ports ne souffrent plus de grèves d’une journée complète. La loi sur la réforme portuaire prévoyant, entre autre, la mensualisation des ouvriers dockers dans les sociétés de manutention, a été adoptée le 9 juin. À la fin du mois de juin 1992, les seuls arrêts de travail sont à mettre sur le compte des assemblées générales qui se déroulent dans les ports. Plus qu’une accalmie, les ports français semblent venir à bout d’un conflit « long et coûteux », selon le journaliste du Journal de la Marine Marchande. De plus, une réunion entre la CGT FNPD et l’Unim s’est déroulée le 17 juin à la suite de laquelle l’organisation syndicale qualifie la discussion d’« âpre et laborieuse ». Elle a obtenu gain de cause sur plusieurs points dont le paiement du 1er mai, la mise en œuvre des plans sociaux et la garantie de ne pas recourir à des mains d’œuvre autre que portuaire pour les pics de trafic. La CGT FNPD estime que « les engagements pris par l’Unim vont permettre de passer aux travaux pratiques ». Elle va encore plus loin en déclarant que « nous aurons à bâtir un nouveau statut de dockers aussi bon et plus complet que le précédent ».
Autre sujet à l’époque qui préoccupe les différentes parties impliquées dans cette réforme, la sortie des décrets d’application n’est pas prévue avant le milieu du mois de juillet. Ce qui ne doit pas empêcher, a précisé le ministre en charge de ces questions, Charles Josselin, de continuer à négocier localement les différents aspects de ce texte. Le retard dans la publication de ces décrets tient, selon le ministre, aux différentes étapes administratives à franchir. Un point, en cette fin de mois de juin 1992, reste encore à négocier: le nombre d’intermittents dans les ports. Le pourcentage maximum souhaité par le ministre est proche des 10 %. Enfin, si la réforme semble finalement en cours d’acceptation par les parties, le financement du plan social n’est pas encore bouclé. Au final, la réforme de la manutention en 1992 aura coûté plusieurs millions de francs qui seront répartis entre sociétés de manutention et l’État. Le seul regret de Jean-Yves Le Drian, qui a lancé la réforme, a été de ne pas avoir pu aller au bout de ses ambitions du transfert vers un commandement unique. Pendant plusieurs années, l’actuel ministre de la Défense nous avouera ce regret. Ce que Jean-Yves Le Drian et Charles Josselin ont rêvé, Dominique Bussereau le réalisera en 2008. Il faudra attendre 16 ans pour que la seconde partie de cette réforme portuaire se fasse avec toujours, en ligne de mire, une plus grande place des ports français dans le concert européen. En 1992, Rotterdam, Anvers et Hambourg dominent le système portuaire européen. En 2012, la situation n’a guère changé malgré deux réformes portuaires françaises.