Le groupe Doux emploie 3 240 personnes en France et exporte une large partie de ses volailles congelées par les ports de Brest et de Nantes Saint-Nazaire. Deux ports, mais deux approches différentes des conséquences de ce redressement judiciaire.
À Brest, la mise en redressement judiciaire du groupe Doux plombe le moral des portuaires. Premier port européen d’exportation de viandes congelées, Brest a ainsi totalisé 277 000 t en 2011. Sur ce total, 226 000 t concernent uniquement le poulet dont 161 000 t pour le seul groupe Doux. Transitaire et manutentionnaire du groupe MSC par lequel transite ce trafic, Manuport a ainsi manipulé 32 000 EVP en 2011 (50 % pleins et 50 % à vide), ce qui représente entre 60 % et 70 % de ses trafics globaux.
La volaille ne représente qu’une partie de l’activité
Mais, pour importante qu’elle soit, l’exportation de volailles congelés n’est qu’une partie de ce représente cette activité de volailler. Il faut en effet y ajouter les importations de matières premières agricoles destinées aux silos alimentaires des élevages répartis sur le territoire breton et toute la logistique qui va avec. Transitaires et transporteurs sont donc également concernés, sans compter la CCI brestoise qui vient d’investir 4 M€ dans une grue automotrice flambant neuve destinée au chargement/déchargement des conteneurs. Sur le port de Brest, on est aussi rassuré à propos de cette activité de grand export par le fait que d’autres acteurs locaux seraient prêts à la reprendre. « Tilly-Sabco à Guerlesquin y réussit très bien. »
Dans le Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire, la filière maritime se rassure. L’exportation de poulet congelé paraît essentielle quel que soit l’avenir du groupe Doux. Les acteurs maritimes concernés par le placement en redressement judiciaire du groupe volailler Doux restent zen. D’une part, le client est trop important pour ne pas être secouru: certes, 430 M€ de dettes, mais 3 400 salariés, 800 éleveurs en France. En se mobilisant pour lui, les politiques régionaux et nationaux sauvent « la filière avicole française » dans son ensemble. D’autre part, l’activité qui concerne les ports, le poulet congelé en grand export, paraît devoir perdurer. « Des conteneurs de poulet congelé, il en part encore tous les jours. Les usines ne sont pas fermées. Le redressement, c’est pour geler les dettes bancaires, les flux vont rester les mêmes. Le poulet continue d’avoir un énorme potentiel dans le monde », estime, par exemple Philippe Fauveder. Consignataire, manutentionnaire pour Doux depuis trente ans, à Brest et à Montoir, il « continue de faire confiance au groupe ».