« L’affaire du terminal de Conakry a été un frein mais aussi un accélérateur dans notre réflexion pour changer de nom, explique Grégory Quérel, président du directoire de Necotrans. Un frein parce que tout a été préparé avant les démêlées judiciaires qui ont ralenti notre processus de changement. Mais cette affaire a aussi été un accélérateur pour tourner la page. » Si les différentes sociétés du groupe demeurent, le groupe vend ses prestations sous la marque commerciale de Necotrans. Chaque activité est présentée sous forme de filière avec Ports & Logistics, pour tout ce qui concerne les activités liées aux opérations portuaires et terrestres en Afrique, Freight Forwarding pour le transit, Oil & Gas pour les questions pétrolières, et Automobile & Équipement pour la distribution automobile. « Nous revenons aux origines du groupe avec cette dénomination de Necotrans. » Une nouvelle identité commerciale qui s’accompagne d’un nouveau visuel aux couleurs dominantes rouges « pour que nos clients nous remarquent », souligne Grégory Quérel.
Le président du directoire a en poche de nombreux projets pour développer les activités du groupe en Afrique. « En 2011, notre chiffre d’affaires a atteint 850 M€, soit une hausse de 5 %. Nos métiers du transport affichent une augmentation de 12 %. Si notre volume global n’a pas suivi la même tendance c’est en raison de l’activité automobile qui s’est réduite dans des pays d’Afrique du Nord. »
Regard vers l’avenir
Après les performances de l’an passé, Necotrans regarde désormais vers l’avenir. L’analyse de la situation sur l’Afrique de l’Ouest est réaliste. « De manière générale, les places dans les terminaux conteneurs sont prises », constate le président du directoire. Les prochains dossiers à sortir en matière de concessions de terminaux pourraient être celui de Nouakchott, en Mauritanie, l’agrandissement du terminal de Libreville au Gabon voire une nouvelle concession des terminaux étatiques de Luanda. De nouveaux ports vont émerger dans les prochaines années, à l’image de Kribi au Cameroun, que le groupe Necotrans regarde attentivement.
Fort de son expérience en Afrique, Necotrans offre aujourd’hui des prestations de logistique intégrées, qui incluent des activités de transport et de commission de transport. Une approche qui offre une palette plus large. Pour le président du directoire, les débouchés en Afrique de l’Ouest demeurent importants. À Abidjan en Côte d’Ivoire, et à Dakar au Sénégal, le groupe y mène une activité de transport. « À Dakar, cite Grégory Quérel, nous avons une licence de manutentionnaire où nous traitons des navires en conventionnels, généralement gréés qui déchargent par leurs propres moyens, et du roulier. Nous opérons le trafic ro-ro des navires de Messina. » En outre, Necotrans propose une prestation logistique terrestre en import et export, du transport routier de carburant avec sa propre flotte et une activité de distribution automobile notamment pour les entreprises minières. Une palette de prestation qui se décline aussi en Côte d’Ivoire. « Les changements politiques intervenus ces derniers mois dans ces deux pays, par voie démocratique, nous laissent penser que la situation portuaire pourrait évoluer. Le port est un élément déterminant dans l’économie africaine et les nouveaux gouvernements souhaitent que ce secteur soit productif. » Une réflexion qui laisse penser que Necotrans pourrait dans les prochains mois étendre encore sa présence dans des secteurs comme le conventionnel, la logistique minière voire d’autres filières, comme le pétrole.
Dans le secteur minier, secteur en pleine croissance dans ces pays, Necotrans est déjà actif aux côtés de groupes comme Vale, Rio Tinto ou BHP Billiton mais aussi des acteurs régionaux. « Nous avons un savoir-faire dans ce secteur au travers de nos activités à Lomé, en Côte d’Ivoire et Libreville. » L’idée du groupe est de bâtir une offre qui permette, au travers des différentes filières du groupe, d’avoir toutes les prestations utiles pour ces sociétés, depuis l’importation d’engins et de produits jusqu’à l’exportation de produits. « Cette offre est transversale entre nos différentes filières Ports & Logistics, Freight Forwarding et Automobile & Équipement », souligne Grégory Quérel. Il a identifié des sources de développement au Congo, en République centrafricaine et au Tchad dont les besoins vont aller croissant.
Regain du ferroviaire
Parler de logistique terrestre en Afrique signifie forcément regarder aussi d’autres moyens de transport que le routier. Le ferroviaire connaît un regain d’intérêt de la part des opérateurs. Une question qui ne laisse pas indifférente le président du directoire qui rappelle que parmi les dirigeants du groupe, certains ont déjà eu la responsabilité de gérer des opérateurs ferroviaires en Afrique de l’Ouest. « Nous avons une expertise dans ce domaine mais il faut savoir sous quelle forme se feront les concessions. » Grégory Quérel imagine des partenariats publics-privés ou des conditions d’affermage. « Nous sommes disposés à devenir tractionnaire sous certaines conditions. » Et pour offrir une palette encore plus large de ses prestations, Necotrans a investi dans des dépôts de conteneurs terrestres, par exemple, à Bamako, au Mali, en cogestion avec la SNTT. Necotrans a dans ses cartons de nouveaux dépôts sur le Niger, à Dosso, au Tchad, à N’Djamena et d’autres sites.
Parler des pays d’Afrique de l’Ouest avec le groupe Necotrans ne se cantonne pas forcément avec une liaison sur la côte atlantique. La desserte de pays enclavés en Afrique centrale au travers de ports d’Afrique de l’Est par des corridors constitue une approche parfois plus économique. Pour le groupe français, cette solution orientale apporte une alternative à l’exportation des productions, notamment des mines du sud de la RDC.
La sécurité politique africaine, un casse-tête économique
La politique en Afrique a rapidement des effets sur les opérateurs économiques. Les troubles ivoiriens en ont été une preuve. Les récents événements dans le nord du Mali n’ont pas laissé le groupe Necotrans indifférent. L’activité s’est ralentie dès les premières heures des mouvements de troupes. « Les flux ont été bloqués, mais le besoin en produits de consommation demeure. Ils vont revenir. Les principaux soucis sont aujourd’hui plus d’ordre financiers », indique Grégory Quérel, le président du directoire, dont la présence est surtout marquée dans le sud du pays, zone actuellement sans heurts violents. Autre problème qui prend de l’importance pour les opérateurs portuaires et maritimes, le développement de la piraterie au large du Nigeria et du Bénin. « Les gouvernements ont été saisis de ce dossier qui commence à poser des soucis sur la sécurité du transport. Sans prendre la dimension somalienne, la piraterie en Afrique de l’Ouest devient un problème à prendre à bras-le-corps. »