« Au cours de la dernière décennie, les ports maritimes européens ont connu une évolution majeure: de simples lieux de chargement/déchargement de navires, ils sont devenus des plaques tournantes au sein de chaînes logistiques à haute valeur ajoutée », assure l’Espo en introduction de son « manifeste », publié lors de sa conférence annuelle organisée les 10 et 11 mai en Pologne. Les ports sont confrontés à des « facteurs extérieurs » à leurs activités dont ils doivent tenir compte. Ce sont, par exemple, des impératifs de développement durable, la pression urbaine, le concept Not in my back yard (Nimby). Dans le même temps, l’existence des ports maritimes demeure vitale pour les échanges intra et extra-européens, le développement de l’économie et des emplois. Pour conserver ce rôle et permettre à l’Europe de renouer durablement avec la croissance économique, une « refonte de la gestion portuaire est nécessaire en même temps qu’une prise de conscience politique des besoins de développement des ports », précise l’Espo. Pour cette organisation, trop d’autorités portuaires européennes assument des responsabilités « hybrides » ou limitent trop souvent leur action à la seule zone portuaire et au respect de réglementation en matière de sécurité nautique.
Trois axes de travail
Une situation que le manifeste de l’Espo appelle à faire évoluer: « Ces fonctions de base doivent être développées de façon proactive dans un portefeuille plus large d’activités pour ajouter de la valeur à la communauté portuaire, aux chaînes logistiques, aux affaires en général. Il s’agit aussi de mieux prendre en compte le contexte sociétal et environnemental dans lequel les ports fonctionnent désormais. » Pour l’Espo, les autorités portuaires doivent devenir « les développeurs de ports dynamiques » tandis que les décideurs politiques doivent leur donner les moyens et les outils nécessaires pour remplir ce rôle. L’organisation propose trois pistes de travail pour mener à bien la refonte de la gestion portuaire en Europe. La première suppose de réaliser « un changement de culture concernant la gestion entre les autorités portuaires ». Ce qui reviendrait à combiner une politique commerciale dynamique avec une solide gouvernance et une transparence affirmée, tant à l’intérieur qu’au dehors de la zone portuaire. Le deuxième axe de travail consiste à obtenir des gouvernements « des cadres garantissant une gestion portuaire indépendante, en supprimant tous les goulots d’étranglement nécessaires ». Enfin, le troisième point fait appel à l’Union européenne pour veiller à « l’égalité des chances et à la sécurité juridique » afin de favoriser la croissance et le développement des ports.
Pour une politique européenne des ports plus cohérente
Invité à la conférence annuelle de l’Espo, Siim Kallas, commissaire en charge des Transports, a donné quelques indications sur sa vision des ports au sein de l’Union européenne. Pour faire face aux évolutions de trafic attendues à l’horizon 2030-2050, les ports européens doivent se préparer dès maintenant à relever de nombreux défis en termes de productivité, d’investissements, de développement durable, de ressources humaines, de lien avec leur hinterland. « Il existe de nombreux freins au bon fonctionnement des ports, souvent en raison d’une faible efficacité, de conditions de travail trop restrictives et des mesures ne permettant pas une bonne compétitivité », a indiqué Siim Kallas. Le secteur portuaire a donc besoin de réformes et de plus de transparence, a souligné le commissaire. L’objectif est de mettre en place « une politique européenne des ports plus cohérente ». Il s’agit aussi d’unifier, dans la mesure du raisonnable, les différents modèles de gestion portuaire tout en assurant une concurrence saine et loyale. Siim Kallas a précisé qu’il entendait mener ces évolutions en privilégiant la concertation avec les autorités portuaires européennes.