Avec l’aide financière de la Lloyd’s Register Educational Trust Research Unit, le Seafarers International Research Centre (Sirc) a mené une vaste étude auprès de cinq opérateurs afin d’explorer les éventuelles différences de perception du risque et de sa gestion dans toutes les catégories de personnel: depuis le marin de base jusqu’au vice-président. Basés sur un questionnaire très fourni, certains résultats ont déjà été publiés en 2006 et 2007.
Claire distinction entre le cosmétique et le réel
Le Sirc en tire six conclusions:
Les efforts faits par certaines compagnies pour détailler et mettre en avant leur politique de sécurité ne sont pas nécessairement perçus par les navigants comme illustrant leur engagement en faveur de la sécurité ou de la gestion du risque.
Les navigants et les sédentaires font facilement la distinction entre des déclarations motivées par un réel souci de la sécurité et celles dont le but est de protéger les intérêts de la compagnie en cas d’accident.
Les bulletins et autres mémos relatifs à des accidents sont bien appréciés par les navigants. La MAIB semble l’avoir bien compris avec la diffusion de ses Safety Digests (voir JMM4822 du 11 mai).
Les comités de sécurité sont souvent la seule façon efficace de faire passer les messages de la direction.
L’efficacité de ces comités, de la gestion de la sécurité d’une manière plus générale, peut être facilement réduite par certaines pratiques de gestion des ressources humaines, comme par exemple une méthode d’évaluation « fermée » (dont les résultats ne sont pas communiqués à l’employé) ou le recrutement de navigants selon des contrats à durée déterminée.
La perception des navigants de l’engagement de leur employeur en matière de sécurité résulte de leur évaluation « holistique » du comportement de l’employeur envers ses employés. Ainsi certains comparent-ils le budget affecté à la protection de l’environnement maritime et celui dédié à la sécurité des navigants et ont le sentiment que leur employeur est plus motivé par le premier. L’indifférence aux problèmes exprimés de fatigue ne renforce pas le discours de la direction sur son engagement irréfragable en faveur de la sécurité. Le remplacement des navigants nationaux par des équipages moins chers parlant mal l’anglais constitue un autre exemple contre-productif.
Les navigants sont également sensibles à la vitesse à laquelle les problèmes de sécurité sont abordés et traités.
Pour son étude, le Sirc a interviewé le personnel de deux « relativement » grandes compagnies maritimes spécialisées dans le conteneur. Les trois autres sont de taille « moyenne »: deux sont actives dans le transport des vracs liquides, la troisième, dans les vracs secs. Leur réelle identité est cachée.
1. « Exploring differences in perceptions of risk and its management, amongst personnel directly associated with the operation of ships »