L’interdiction aux compagnies d’assurance européennes de couvrir les navires transportant du pétrole iranien à partir du 1er juillet pèse de plus en plus sur les pays dépendant de la République islamiste pour leurs importations d’or noir. La Corée du Sud et l’Inde envisagent des garanties souveraines des États comme substituts aux assurances des P&I Clubs européens.
À partir du 1er juillet, l’embargo de l’Union européenne (UE) sur le pétrole iranien interdit à toutes les compagnies d’assurance du Vieux continent de fournir une couverture à tous les navires transportant cette matière première à travers le monde. Plus la date d’entrée en vigueur de l’embargo approche, plus cette interdiction complique les importations de pétrole des pays dépendant de la République islamique pour leur approvisionnement comme le Japon, la Corée du Sud, l’Inde, la Chine. En 17 ans de sanctions occidentales contre l’Iran, c’est sans doute la première fois que l’une des mesures décidées pourrait s’avérer réellement payante, a indiqué un expert à l’agence Reuters. Près de 90 % de la flotte mondiale de tankers est prise en charge par des assureurs et/ou réassureurs occidentaux. Aussi, la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud, les quatre principaux destinataires des 2,2 millions de barils jour produits par l’Iran, peinent à trouver des solutions de substitution aux assurances des P&I Clubs européens.
Des actions de lobbying
Le Japon et la Corée du Sud ont mené un intense lobbying auprès des autorités européennes pour bénéficier d’une exemption de l’interdiction. Cette action n’a pas eu de grands résultats à ce jour. Une nouvelle réunion des États membres de l’UE est prévue sur le sujet de l’embargo courant mai ou juin, selon Reuters. Il s’agit de faire le point sur les conséquences de l’embargo notamment pour la Grèce, l’un des pays de l’UE encore largement dépendant des importations de pétrole iranien, et trouver des solutions d’approvisionnement alternatives. La question de l’assurance ne serait donc pas à l’ordre du jour de cette réunion à venir. Le Japon pourrait devoir renoncer à s’approvisionner auprès de l’Iran. Surtout que le Japon ne serait pas prêt à accepter les solutions d’assurance proposées par l’Iran.
Évaluer les coûts des solutions alternatives
Du côté de la Corée du Sud, le gouvernement serait en train d’envisager la mise en place de « garanties souveraines de l’État » pour pallier l’interdiction. La même idée ferait aussi son chemin en Inde. Mais il reste à évaluer « les coûts et les bénéfices de cette mesure ». La Corée du Sud pourrait notamment subir des pressions des États-Unis pour la pousser à renoncer à cette option. Ce pays asiatique pourrait lui aussi renoncer à s’approvisionner auprès de l’Iran. Concernant la Chine, la grande majorité des navires des compagnies actives dans le transport de pétrole sont couverte par des assureurs européens. Ces navires ne devraient donc plus pouvoir, comme les compagnies des autres pays, transporter de l’or noir iranien, sauf si les assureurs chinois prennent la suite de leurs homologues européens en faisant fi des conséquences. Certaines compagnies d’assurance chinoises ont précisé à Reuters être prêtes à le faire, d’autres non ou sont « en train de réfléchir ». Pour leur part, les dirigeants chinois n’ont pas encore communiqué une position sur le sujet. La décision de la Chine pourrait aussi largement dépendre de l’évolution du prix du baril et des taux de fret, éventuellement à négocier avec l’Iran.
Près de la moitié des navires de la NITC utilisés pour du stockage flottant
Depuis mars, de plus en plus de navires de la National Iranian Tanker Company’s (NITC) seraient ancrés au large du terminal pétrolier de Kharg Island et serviraient de stockage flottant. 14 des 25 VLCC et 5 des 9 Suezmax de la NITC seraient ainsi immobilisés, soit près de la moitié de la flotte totale de la compagnie, a rapporté l’agence Reuters, le 23 avril. Cette situation pourrait signifier que l’Iran a de plus en plus de mal à exporter sa production de pétrole. Le Japon, la Chine et la Corée du Sud auraient annulé plusieurs de leurs commandes. Les dirigeants de la République islamique ont reconnu que les exportations de pétrole ont diminué de 2,2 millions de barils par jour à 2,1 Mbj à la fin 2011. Pour certains experts, les exportations iraniennes sont tombées à 1,9 Mbj en mars et devraient être encore moindres à la fin du mois d’avril.