L’activité de pilotage est intimement liée à celle des ports dont dépendent les stations. Avec le ralentissement d’activité dans les ports en 2011, les pilotes maritimes ont vu leur activité se réduire aussi. Avec 100 864 navires pilotés en 2011, les pilotes accusent un repli de 5 %. L’activité par pilote en nombre de navires pilotés s’inscrit dans la même tendance avec une baisse de 4,4 %. Alors, les 31 stations françaises rassemblent aujourd’hui 342 pilotes, soit trois de moins que l’an passé. « Ils sont 20 pilotes à avoir quitté la profession. Nous en n’avons recruté que 17 », souligne le président de la fédération, Frédéric Moncany de Saint-Aignan. Les premiers mois de 2012 ne sont guère plus réjouissants. Les restructurations industrielles, à l’image de la fermeture de Petroplus à Rouen, la réorganisation des lignes conteneurs, la crise économique ont eu raison du trafic qui peine à décoller.
Si la situation économique semble atone, la situation réglementaire du pilotage devrait être plus mouvementée. D’abord, à l’OMI, les amendements à la convention Solas devraient entrer en application au 1er juillet. Ce sont notamment les réglementations sur les échelles de pilotes, destinées à prévenir les accidents. Désormais, ce matériel sera soumis au Port State Control. Ensuite, les échelles électriques utilisées sur certains navires seront bannies. Le président de la FFPM se dit satisfait de cette évolution. « Nous déplorons 10 accidents de pilotes par an dans le monde, dont la moitié sont mortels », souligne Frédéric Moncany de Saint-Aignan. Autre sujet traité à l’OMI et qui touche directement les pilotes français, la volonté des gouvernements italiens et français de rendre le pilotage « recommandé » dans les bouches de Bonifacio, à savoir non obligatoires. Le système est en cours de montage. Il deviendra opérationnel en 2014. Les conditions sont actuellement étudiées au Maritime Safety committee de l’OMI. En 2013, le système sera présenté. Les stations de pilotage d’Ajaccio, d’Olbia et de Porto Torres mettront à disposition des pilotes pour les commandants souhaitant se faire assister lors du franchissement de ce passage. « Dans les premiers mois, les pilotes des différentes stations seront affectés à ce service. Nous verrons au fur et à mesure des demandes si nous avons besoin de recruter », indique le président de la FFPM. Le trafic actuel est d’environ 10 navires par jour.
Autre sujet à aborder dans le cadre de l’OMI au cours de l’année, les cartes marines électroniques (Ecdis, normes de fonctionnement pour les systèmes de visualisation des cartes électroniques et d’information) dont les anomalies sont encore nombreuses. Le défaut pourrait provenir du logiciel de mise à jour de ces cartes. « Nous apportons notre voix à ceux qui décèlent des erreurs sur ces cartes. » Le fabricant corrige actuellement les bugs informatiques de ces cartes. « Nous espérons qu’au 1er janvier 2018, date d’entrée en fonction de ces cartes, les erreurs seront corrigées. En attendant, nous recommandons fortement à nos membres de continuer à regarder à la passerelle et d’éviter d’avoir une confiance aveugle dans ces cartes. »
L’opposition à la directive européenne
Les pilotes maritimes sont plus inquiets des évolutions de la réglementation européenne. La directive sur les services portuaires prévoirait une déréglementation de la profession. « Toutes les fédérations européennes sont opposées à la déréglementation », rappelle Frédéric Moncany de Saint-Aignan. La commission a demandé au cabinet italien de Price Waterhouse & Coopers de réaliser une enquête satisfaction auprès des clients des pilotes. Les résultats seront rendus avant cet été. « Nous ne connaissons pas encore les questions posées ni auprès de qui cette enquête sera réalisée. La grande interrogation demeure sur la qualité de client des pilotes. Verrons-nous les questions envoyées aux armateurs ou à d’autres professionnelles portuaires et maritimes? » La commission décidera de son action en fonction des résultats de cette enquête.
L’autre sujet abordé par cette directive concerne les licences de capitaine pilote. Un audit est en cours par le bureau italien de Price Waterhouse & Coopers sur les conditions d’attribution des licences de capitaine pilote. « Nous avons reçu le questionnaire juste avant notre congrès et nous n’avons pas eu le temps de l’analyser », confie Frédéric Moncany de Saint-Aignan. Ces points préoccupent les pilotes qui assurent avoir des contacts avec les membres de la commission qui leur « laisse espérer une marche arrière avant l’été. »