« Nous avons une capacité de six millions de conteneurs »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): EN JANVIER, AU MOMENT DES VŒUX, VOUS AVEZ DIT QUE VOUS ESPÉRIEZ UNE HAUSSE DES TRAFICS. OÙ EN EST-ON AUJOURD’HUI?

GILLES FOURNIER (G.F.): J’ai fait état de deux changements importants concernant le pétrole et le transbordement. Il y a une augmentation de façon significative depuis le début de cette année et, globalement, nous sommes sur une bonne tendance. La mise en service du terminal TN-MSC à Port 2000 va nous permettre d’augmenter le trafic conteneurs. S’agissant du pétrole, nous ferons sans doute moins bien qu’en 2011 qui, déjà, était une moins bonne année que 2010. Il faut y voir plusieurs raisons: les difficultés de Petroplus et la reconfiguration de la raffinerie de Normandie, dont les capacités passent de 16 Mt à 12 Mt de brut par an. Depuis 2008, nous avons perdu environ 30 % du trafic pétrole. Mais ce que nous perdons en pétrole, nous devrions pouvoir le regagner en conteneurs pour arriver à un point d’équilibre. Mon pronostic, même si c’est toujours difficile, est que nous devrions avoir à la fin de cette année le même volume global qu’en 2011. Nous pouvons atteindre 3 MEVP à fin 2013.

JMM: POUR QUELLES RAISONS?

G.F.: Des gens reviennent au Havre. C’est le cas, par exemple, de MSC qui a décidé de faire basculer des trafics au Havre alors qu’ils étaient à Anvers. Cela pourrait représenter environ 500 000 EVP d’ici 2013. Même chose pour CMA CGM qui ramène du trafic.

JMM: LE HAVRE DISPOSE-T-IL DES ATOUTS NÉCESSAIRES?

G.F.: Nous sommes pris dans une compétition internationale féroce et cette compétition-là doit être dans la tête de tout le monde, à tous les niveaux de la communauté portuaire. Des efforts équivalents sont faits partout, dans toutes les places portuaires. À nous d’être encore meilleurs. Par exemple, nous pouvons certainement parvenir à gagner encore en compétitivité portuaire. Mais c’est désormais l’affaire des manutentionnaires. Quant à la réforme, elle donne la paix sociale et la sérénité. C’est d’ailleurs ce qui a permis la conclusion de l’accord avec TN-MSC.

JMM: OÙ EN SONT AUJOURD’HUI LES PROJETS?

G.F.: Les travaux de la plate-forme multimodale ont commencé. Cet équipement très important permettra le report modal avec le fer, le fluvial et le terrestre. En ce qui concerne le prolongement du Grand canal, notre position ferme n’est pas encore arrêtée sur le choix du tracé. Nous avons réfléchi aux accès fluviaux à Port 2000 pour développer le fluvial. Des études sont en cours pour déterminer s’il faut faire une écluse ou une chatière. Pour l’heure, il faut laisser la plate-forme multimodale se construire, se développer et s’installer à son rythme. Il faut tout de même rappeler que depuis quelques mois, on peut rejoindre Port 2000 par un tracé sud et un tracé nord ouverts au fluvio-maritime, et cela marche plutôt bien.

JMM: ET LE FER?

G.F.: C’est vrai que la situation du ferroviaire n’est pas bonne. Il faut impérativement qu’il y ait des investissements. La nouvelle plate-forme multimodale, qui ouvrira début 2014, va nous aider.

JMM: COMMENT VOYEZ-VOUS LE PORT DU HAVRE DANS CINQ OU DIX ANS?

G.F.: Dans cinq ou dix ans, il faut que nous soyons le port majeur en Europe ou alors nous serons un port de seconde zone. Mais pour que nous soyons un port majeur, même si nous restons le plus petit des grands, il faut gagner des trafics et remporter la bataille du transbordement.

JMM: LA NAISSANCE DU GIE HAROPA, QUI RÉUNIT LES PORTS DE L’AXE SEINE, PEUT AIDER?

G.F.: Haropa est une offre complète sur la Seine. Elle est attractive et cohérente pour tous les clients. Imaginez un client qui expédie un conteneur de Gennevilliers vers la Chine, il ne s’occupe de rien. C’est un très bel outil même s’il faudra, un jour, songer à aller plus loin dans la gouvernance.

JMM: QUELS SONT LES FUTURS MARCHÉS DU HAVRE?

G.F.: L’Extrême-Orient demeure prépondérant dans nos activités mais nous devons également continuer de nous développer vers l’Amérique du Sud, notamment le Brésil, et prendre position sur l’Afrique qui va se développer.

JMM: EST-CE QUE LES FUTURES USINES AREVA POUR LA FABRICATION D’ÉOLIENNES OFFSHORE, QUI DOIVENT S’INSTALLER AU HAVRE, CONSTITUENT UNE BONNE NOUVELLE?

G.F.: C’est excellent en termes d’emplois et très bon pour l’ensemble de la place havraise. Mais il ne faut pas s’attendre à des énormes tonnages pour le port.

JMM: ÊTES-VOUS TOUJOURS SUR UN OBJECTIF DE DOUBLEMENT DES TRAFICS CONTENEURS?

G.F.: Les bons choix ont été faits par le port. Sans Port 2000, nous serions sans doute aujourd’hui en grande difficulté. Il reste désormais deux postes à quai à faire. Et nous avons aussi d’autres possibilités de développement en modernisant le port plus ancien. Cela consiste, par exemple, à approfondir les quais (Osaka, Europe…) en aval de l’écluse François-Ier, qui est devenue rédhibitoire pour les grands porte-conteneurs. En aménageant le port ancien, nous avons une capacité de 6 MEVP. Quant au terminal de Bougainville, qui a accueilli jusqu’à présent TN-MSC, nous avons plusieurs projets, mais c’est une zone que nous proposons à nos clients.

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