L’enjeu est considérable pour l’économie de la région, mais aussi du pays. Le Havre, deuxième port français derrière Marseille, reste bien en pole position en termes de conteneurs. Et la naissance récente d’Haropa, regroupement en un GIE des places portuaires du Havre, de Rouen et de Paris, est un signe envoyé à l’international destiné à bien marquer la nouvelle force de l’union. L’objectif est de conquérir de nouveaux marchés. Disposant désormais de toutes les armes en poche pour lutter dans la compétition internationale, le port du Havre a donc hâte de tourner la page d’une période difficile. Après un exercice 2008 qui a été marqué par un record – le trafic a alors dépassé la barre symbolique des 80 Mt –, le port a connu des baisses régulières et perdu un peu plus de 12 Mt jusqu’à fin 2011, année où le bilan a ramené Le Havre dix ans en arrière, au niveau du trafic de 2002, bien avant la mise en service de Port 2000, à 68,6 Mt. Mais Laurent Castaing, alors aux commandes du Grand port maritime du Havre (GPMH), a été clair dès le début de l’année dernière: ce serait difficile. Résultat, le trafic a baissé de 4 % entre 2010 et 2011.
Des signes d’espoir
Toutefois, en y regardant d’un peu plus près, la situation permet d’entrevoir des signes d’espoir. Depuis l’entrée en application de la réforme portuaire, début mai, le port a pu enclencher une « nouvelle dynamique axée sur les critères de fiabilité, de compétitivité et de qualité de services qu’attendent les clients ». Au fil de l’année écoulée, le trafic des conteneurs a donc repris de la vitalité pour atteindre un pic durant l’été avec 600 000 unités traitées. Pas suffisant tout de même pour inverser la tendance! Avec 2,22 MEVP traités l’an passé, ce trafic, capital pour Le Havre, a affiché une baisse de 6 % par rapport à 2010. C’est le recul de 28 % du transbordement qui explique, en partie, cette situation. À l’inverse – satisfaction! –, le roulier enregistre une très belle progression. Après avoir traversé une période de tempête, il est orienté en très nette hausse: 8 % en 2011 avec 365 000 véhicules traités. La mise en œuvre du plan RoRo Max, l’été dernier, doit permettre d’atteindre l’objectif fixé pour 2015: 500 000 véhicules transitant par Le Havre.
Fin janvier 2012, en traçant des perspectives pour l’année, Gilles Fournier, le président du conseil de surveillance du GPMH, a formé un vœu: « Il serait bien que les courbes de trafic repartent à la hausse. » « Toutes les énergies doivent se concentrer là-dessus. Il faut aller chercher les marchandises », a ajouté alors Christian Leroux, le président de l’Union maritime et portuaire du Havre. Tous ont en tête un objectif inscrit dans le projet stratégique du port: 5 MEVP, soit un peu plus du double d’aujourd’hui. Le chemin est encore long certes, mais Hervé Martel, le tout nouveau président du directoire qui vient de succéder à Laurent Castaing, en est convaincu lui aussi: Le Havre a aujourd’hui les atouts pour regagner des parts de marché. Que ce soit sur le plan opérationnel avec la mise en œuvre de la réforme. Ou encore avec l’engagement et la concrétisation de nouveaux projets, à l’image de la future plate-forme multimodale dont les travaux ont débuté, le prolongement du Grand canal et les études pour un accès fluvial à Port 2000 (écluse ou chatière à hauteur de la CIM), qui devraient permettre de renforcer le poids du Havre dans le jeu mondial.