JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): COMMENT ANALYSEZ-VOUS L’ANNÉE 2011 ET LA MISE EN PLACE DE LA RÉFORME PORTUAIRE?
JEAN-LOUIS LE YONDRE (J.-L.L.Y.): L’année 2011 a été marquée par une date, celle du 3 mai. Grâce à la signature des accords sociaux qui se sont inscrits dans le cadre de la réforme portuaire, nous avons enfin pu retrouver une paix sociale sur la place portuaire havraise. Ces accords ont permis de stopper l’hémorragie de baisse de trafics que nous connaissions. Nous avons pu voir nos clients pour leur dire qu’il fallait à présent préparer l’avenir. Ces clients peuvent enfin repenser leur stratégie d’une autre manière, sans passer par les ports concurrents que sont Anvers ou Rotterdam. Les armateurs comme les importateurs-exportateurs sont néanmoins en période d’observation pour voir si cette paix sociale est une certitude. Cette période d’observation est toujours d’actualité. Il est certain que la conjoncture ne favorise pas la relance économique. C’est un élément que nous ne maîtrisons pas. Néanmoins, on peut remarquer qu’au sein du GPMH, sous l’action de Laurent Castaing, son ancien directeur, des réformes en interne ont permis de redynamiser les différents services du GPMH. N’oublions pas les grands chantiers qui sont lancés comme la plate-forme multimodale ou encore les nouveaux investissements sur Port 2000. Il y a également une accélération de la gestion du mode fluvial qui correspond à la politique actuelle de l’axe Seine. Laurent Castaing a été appelé à d’autres fonctions. Son successeur aura un plan stratégique. Nous attendons donc son arrivée pour connaître sa stratégie à cet égard. Actuellement, le GPMH et les acteurs économiques de la place portuaire havraise portent la bonne parole commerciale en France comme à l’étranger.
JMM: COMMENT VOYEZ-VOUS LE GIE HAROPA QUI A ÉTÉ RÉCEMMENT MIS EN PLACE?
J.-L.L.Y.: quels que soit les vents contraires, toutes les troupes, le GPMH mais aussi le monde du transport maritime et le monde politique, doivent mener un plan d’attaque. Il s’agit de ramener un maximum de trafics tant à l’import qu’à l’export sur le port du Havre. Quant à l’axe Seine, le GIE Haropa vient effectivement d’être mis sur les fonds baptismaux. Il faut donc attendre que soit définie très clairement une politique globale avant d’émettre un avis de quelque nature qu’il soit. Des questions se posent. Quelle nouvelle stratégie pour l’axe Seine? Quelle répartition des trafics suivant les capacités naturelles de chaque port? Quelle économie d’échelle pour la région Haute Normandie? En dehors d’une très belle image qui est incontestable, il est nécessaire que le monde économique, tous acteurs confondus, y trouve un véritable intérêt. Il ne faut en aucun cas que le GIE Haropa impose une méthode largement institutionnelle au détriment d’une dynamique fortement économique sur le marché du transport maritime. Haropa doit être un véritable outil. Le GIE devra être capable d’animer un véritable plan de bataille pour reconquérir les marchés. Chacun des trois ports que sont Le Havre, Rouen et Paris devront y trouver leur compte. Haropa doit être un état-major qui mène l’offensive à l’échelon européen, mais aussi mondial.
JMM: EN 2012, QUELS SONT LES DÉFIS À RELEVER?
J.-L.L.Y.: Nous devons accroître contre vents et marées le trafic sur la place portuaire havraise. C’est un élément clé pour maintenir les emplois liés directement ou indirectement au transport maritime. Il faut poursuivre nos efforts et concrétiser les travaux et les grands chantiers envisagés au Havre et sur l’axe Seine. Seul un accroissement des volumes tant à l’import qu’à l’export sous toutes ses formes alimenteront une dynamique positive avec un coefficient multiplicateur directement lié à cette dynamique. Quant à la réforme, nous sommes, comme je l’ai déjà dit, en période d’observation. Il faut que la paix sociale soit garantie. Les armateurs, les clients doivent être rassurés. Nous sommes tous dans un même élan.