Le 2 avril, le groupe Total a présenté deux scénarios pour stopper la fuite de gaz qui s’échappe du gisement d’Elgin depuis le 25 mars. « La première solution serait d’entreprendre une reprise de contrôle du puits en y injectant de la boue de forage depuis une barge flottante », a précisé le géant pétrolier. Une fois comblé par la boue, le puits est abandonné. Cette option nécessite de monter à bord de la plate-forme alors que les 238 collaborateurs ont été évacués et qu’une zone d’exclusion de deux milles a été mise en place. « La priorité absolue du groupe a été la sécurité du personnel », a souligné Philippe Guys, directeur général de Total Exploration et Production au Royaume-Uni. Ce dernier a aussi confirmé que la torchère de la plate-forme d’Elgin s’est éteinte d’elle-même le 31 mars. Le deuxième scénario mis au point par les techniciens de Total consisterait à forer deux puits de secours jusqu’à la poche de gaz à l’origine de la fuite, située à 4 000 m sous les fonds marins. Cette solution prendrait environ six mois avant de permettre la dérivation du gaz par les deux nouveaux puits.
Aucune décision n’est encore prise
Selon Total, les coûts des moyens actuellement mobilisés s’élèvent à un 1 M$ par jour. Ce montant pourrait grimper à 1,5 M$ en cas de forage des deux puits de secours. Le manque à gagner engendré par la perte de production de la plate-forme est évalué à 1 M$ par le groupe. L’envoi de spécialistes des interventions d’urgence sur les puits est contrarié par les mauvaises conditions météorologiques en mer du Nord. La décision du groupe Total en faveur de l’une ou l’autre des deux solutions est liée à la visite de ces experts sur le site.
De son côté, Greenpeace a envoyé sur place un navire afin de mener « une observation scientifique indépendante ». Dans un communiqué daté du 3 avril, l’association a indiqué: « Nos observateurs ont constaté qu’une nappe huileuse s’étend sur l’eau. Il s’agit probablement de gaz de condensat, un hydrocarbure léger. » Les membres de Greenpeace ont effectué des prélèvements de l’eau et de l’air autour de la plate-forme. Les résultats devraient être connus dans une dizaine de jours. Plus de 200 000 m3 de gaz s’échappe chaque jour dans l’atmosphère, selon Greenpeace, « le méthane étant très dangereux pour le climat ». À la Bourse de Paris, l’action Total a perdu plus de 6,5 % de sa valeur depuis le début de la fuite de gaz sur la plate-forme d’Elgin pour se fixer aux alentours de 38 €. Les dirigeants de Total ont fait savoir qu’aucune révision des objectifs ne devrait avoir lieu en matière d’investissement ou de dividende suite à cet accident. Ils ont toutefois refusé d’en chiffrer les conséquences financières.