« La situation financière des armateurs est au plus bas, mais la surcapacité des navires diminue et le déséquilibre entre l’offre et la demande de transport se redresse », précise le rapport BRS, en introduction de son chapitre sur le marché du transport de produits chimiques. Au cours de l’année 2011, les armateurs actifs sur ce secteur d’activité ont perdu de l’argent dans la suite des trois années précédentes. Certains ont été placés en redressement judiciaire. C’est la surcapacité des tonnages proposée qui affecte les mouvements au long cours, soulignent les experts de BRS. Les prévisions de croissance et de consommation de produits chimiques ne compensent toujours pas l’abondance de navires depuis plusieurs années. L’une des conséquences de cette situation est une stratégie de concentration des armements du secteur avec, pour objectif, « d’attendre, plus renforcés, des jours meilleurs ». Le rapport BRS relève également que les négociations pour le renouvellement des contrats d’affrètement ont été plus difficiles et plus longues en 2011 qu’auparavant. Selon BRS, les armateurs ne veulent et ne peuvent plus accepter des taux de frets bas négociés dans les premières années de la crise, mais ont toujours besoin de bases contractuelles pour l’exploitation des navires qu’ils se disputent entre eux. Aussi, les frets pourraient repartir sensiblement à la hausse à court terme, analysent les auteurs du rapport BRS, mais il devrait y avoir une grande disparité dans les résultats obtenus.
Des éléments positifs
L’évolution en 2011 a toutefois été meilleure que les années précédentes « grâce à une forte augmentation de la demande de transport à destination de l’Asie au quatrième trimestre qui a dopé les taux de fret ». Une tendance à la diminution de la surcapacité offerte combinée au peu de navires neufs expliquent aussi la légère amélioration du secteur du transport de produits chimiques en 2011. Au total, l’année passée, 63 navires sont sortis des chantiers pour 1 Mtpl supplémentaires, soit un essor de 3,4 % de la flotte mondiale de chimiquiers, ont compté les experts de BRS. Plus de la moitié des nouvelles unités sont d’une capacité comprise entre 10 000 tpl et 20 000 tpl. Le ferraillage des navires chimiquiers a continué à progresser avec 51 destructions en 2011 contre 30 en 2010. Enfin, une soixantaine de navires chimiquiers devrait sortir des chantiers en 2012 pour un total d’un peu moins de 700 000 tpl.
Les ventes forcées sont en progression
Sur le marché de l’occasion des navires pétroliers et chimiquiers compris entre 3 000 tpl et 25 000 tpl, les prix ont baissé en 2011 dans la suite de 2010. BRS signale aussi que « la rareté des financements a eu un impact sur le marché ». Si la demande de navires pétroliers et chimiquiers apparaît plutôt ferme, compte tenu de coûts de construction élevés, le pouvoir d’achat des armateurs est en effet limité par la frilosité des banques, plus occupées à sauvegarder leur portefeuille existant qu’à financer de nouveaux investissements dans le transport maritime. À cet égard, précise le rapport BRS, les ventes de navires aux enchères, ou ventes forcées par les banques, ont dicté le prix du marché. « Loin de constituer des opportunités éparses, ce type de vente s’est installé durablement dans le paysage », estiment les experts de BRS. Et fait nouveau, ces ventes concernent des navires récents de moins de cinq ans d’âge. Une vingtaine de navires pétroliers et chimiquiers entre 3 000 tpl et 25 000 tpl ont été vendus par ce biais en 2011.