Choisi avec Saint-Nazaire par l’industriel Alstom pour se partager la construction de plus de 600 éoliennes marines offshore, le port du Cotentin compte beaucoup sur ce projet pour donner à son activité un nouveau départ, et surtout une nouvelle direction industrielle. Une nouvelle image aussi, celle d’un port qui n’est plus uniquement tourné vers l’industrie nucléaire (transports d’Areva, construction des sous-marins nucléaires). Une manière aussi de rappeler qu’Areva, le partenaire industriel historique de la région, a été bien mal inspiré en choisissant Le Havre plutôt que Cherbourg pour présenter son dossier éolien à l’État.
Une chose est certaine, avec ce nouveau projet, Cherbourg veut en effet devenir le port des énergies marines renouvelables. Celui d’où partiront les éoliennes offshore en direction de leurs zones d’implantations en Manche et en Atlantique, mais aussi celui des hydroliennes marines. En effet, outre les éoliennes, les Cherbourgeois ont un gros appétit en matière d’hydroliennes. Le rêve de la CCI, comme des responsables du port et des élus, est de parvenir à jouer un rôle incontournable dans la construction et l’industrialisation de ces rotors sous-marins avec DCNS. L’idée serait de construire sur place une usine capable d’embaucher jusqu’à un millier de personnes. Quoi qu’il en soit, s’agissant des éoliennes, la CCI de Cherbourg comme Ports normands associés se sont efforcés ces derniers temps de mettre à disposition des industriels plus de 36 ha de quais et de terre-plein afin de leur permettre de fabriquer leurs machines et d’y développer leurs activités. Le projet de création d’une nouvelle zone industrielle, à Tourlaville, à l’est de l’agglomération, est également dans les cartons. Elle pourrait accueillir sous-traitants et partenaires.
S’agissant de la zone portuaire, une extension de 220 m d’une partie du quai des Mielles est prévue. Il s’agit en réalité de gagner de la place sur la mer. Cette extension doit permettre de se doter d’un unique quai de 580 m de long capable d’accueillir plusieurs navires en même temps. Un dragage de la zone portuaire est également au programme afin d’assurer une profondeur suffisante aux navires. Au total, Ports normands associés prévoit d’investir 40 M€ dans ces deux opérations. Cela suffira-t-il à persuader l’État de choisir Cherbourg et Saint-Nazaire plutôt que Le Havre pour ce dossier? Rien n’est moins sûr et chacun reste pour le moment très prudent. D’une part parce que Le Havre n’est pas un petit concurrent et dispose de solides atouts de son côté. D’autre part parce que, à Cherbourg, on a désormais l’habitude de se méfier des grands projets qui n’ont finalement jamais vu le jour ces vingt dernières années.