Premier port commercial de la Tunisie en termes de trafic, Radès n’est pourtant pas le plus ancien. Son édification a démarré au début des années 1980 et sa mise en exploitation effective date de 1987. Depuis, il a connu un développement remarquable, accaparant tour à tour les activités des ports de Tunis et de La Goulette.
Spécialisé dans le trafic de conteneurs et le roulier, il assure, à lui seul, 19 % du trafic national dont 10 % des hydrocarbures et 17 % des céréales. Le port de Radès, c’est aussi 90 % de l’activité conteneurs et environ 80 % de l’activité remorques.
Un autre point fort du port de Radès, sa connexion immédiate à une zone industrialo-portuaire, option qui facilite l’acheminement des marchandises vers les différentes destinations notamment vers l’Algérie et la Libye.
En 2011, l’activité du port a globalement baissé à cause notamment des revendications sociales et des grèves qui se sont succédées depuis le 14 janvier. Mohamed Omrane, sous directeur du port, relève que ces perturbations ont causé un retard au niveau de la manutention et un encombrement du port ainsi que des attentes prolongées des navires en rade.
Ainsi, ce sont 373 200 EVP qui ont transité par le port de Radès au cours de l’année 2011 contre 424 000 EVP en 2010, soit une baisse de 12 %.
Pour ce qui est des remorques, l’activité a sensiblement augmenté, passant de 103 000 en 2010 à 106 000 en 2011. Le trafic des unités roulantes a enregistré une baisse de 43 % passant de 12 699 unités en 2010 à 7 277 en 2011.
Des grèves successives
Le trafic des navires porte-conteneurs est passé de 598 en 2010 à 384 en 2011 (− 36 %), celui des navires rouliers est passé de 651 à 647 (− 1 %), le nombre total des navires a été de 1 277 contre 1 560 en 2010, la baisse totale enregistrée s’élève ainsi à 18 %.
La baisse enregistrée au niveau de l’activité du port de Radès découle de plusieurs facteurs dont certains sont conjoncturels et liés au contexte particulier de la révolution, et certains structurels liés aux spécificités techniques du port. Mohamed Omrane cite, entre autres facteurs qui ont généré l’encombrement du port, les grèves successives des différents services portuaires (douane, la Société tunisienne d’acconage et de manutention), le recul au niveau de la manutention provoqué par les pannes successives du matériel de chargement et de déchargement, l’augmentation de la moyenne des conteneurs par navire, l’augmentation du trafic sur la Libye et l’Algérie et l’augmentation de l’activité remorques.
Par ailleurs, les caractéristiques techniques du port de Radès expliquent une partie des problèmes qu’il rencontre. Initialement conçu pour l’activité de navires rouliers et le transport de remorques (quatre quais sur les sept sont aménagés pour ce type de navires), le port de Radès s’avère peu adapté au trafic de conteneurs. Les navires porte-conteneurs doivent, de ce fait, généralement subir des attentes plus longues en rade.
Face à cet état des lieux, différents intervenants du secteur se sont engagés dans une réflexion urgente pour identifier les solutions appropriées à même de résoudre les problèmes du port de Radès et d’y décongestionner l’activité.
Mohamed Omrane souligne, à ce propos, que plusieurs projets sont en cours, l’objectif étant d’améliorer la qualité des services du port et de réduire les attentes en rade. L’infrastructure du port n’étant pas particulièrement adaptée au transport de conteneurs, une extension de 550 m est prévue sur le quai 7, elle permettra l’accostage de trois navires porte-conteneurs. Quinze hectares en plus seront également aménagés pour le stockage de conteneurs. Le but étant de réduire l’encombrement et d’améliorer les conditions de transport. Ces extensions démarrent dans le courant de l’année 2012 et s’achèvent en 2014, le coût total s’élèvera à 60 millions de dinars (environ 30 M€). L’objectif final étant d’atteindre, d’ici 2020, un trafic annuel d’un million de conteneurs.
Par ailleurs, le quai pétrolier sera réaménagé et des aires d’accostage y seront construites.
Tous ces projets s’intègrent dans le cadre de la nouvelle stratégie de l’OMMP (Office de la marine marchande et des ports) basée sur une meilleure organisation du parc et qui intègre, notamment, l’actualisation du plan d’exploitation et de circulation du port de Radès, une réactualisation qui s’impose du fait que l’activité du port s’est fortement développée au cours des dernières années dictant des solutions urgentes pour décongestionner le plus important des ports tunisiens.