En 2011, les navettes ont transbordé 2,3 millions de véhicules de tourisme, en hausse de 6 % sur un marché en recul de 2 %. La part de marché des navettes est passée à 46 %. Les navettes fret ont embarqué 1,3 million d’unités, en hausse de 16 % sur un marché en léger regain (+ 4 %). Le chiffre d’affaires des navettes (+ 10 % à 499 M€) montre que les parts de marché sont dures à prendre.
Eurotunnel a aussi de quoi jubiler comme opérateur d’infrastructures. Les redevances au réseau progressent de 7 % à 278,4 M€. Europorte, la filiale opérateur ferroviaire, progresse de 63 %, dont 26 % à périmètre constant. Le nombre de trains de fret a crû de 14 %, et le tonnage de 17 %. Ces progressions ne sont pas neutres pour le transport maritime, même si elles affectent moins les ferries que le transport de voitures, le vrac, ou le conventionnel très spécialisé, comme les produits sidérurgiques.
Enfin, Eurostar progresse de 2 % à 9,7 millions de voyageurs, même si une réduction de l’offre n’a pas permis de passer le plafond des 10 millions.
Pourquoi alors s’intéresser aux slots délaissés par SeaFrance sur Calais-Douvres? Eurotunnel a créé une filiale, Eurotransmanche, pour participer à la vente aux enchères des navires et autres actifs de SeaFrance. L’idée est de les confier à la Scop, la coopérative ouvrière des anciens de SeaFrance pour les exploiter. Selon Jacques Gounon, président d’Eurotunnel, l’offre des ferries, moins efficace, est un second choix intéressant pour le client, complémentaire de « l’offre premium » du tunnel. Prendre la mer serait pour Eurotunnel une autre façon de contrôler le détroit, et de porter le pavillon français. Une manœuvre périlleuse, mais que le patron du lien fixe semble mener avec soin.