Le maillon faible de la crise a cédé

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La crise de 2008 a tué le maillon faible du détroit. En des temps de prospérité européenne, ou du moins de baisse conjoncturelle ordinaire, le marché aurait peut-être pardonné l’erreur de l’achat du Molière et les difficultés de sa transformation, l’infernale guerre intersyndicale et la grande grève des officiers de février 2008, les problèmes de mécanique qui ont laissé le Rodin sur le flanc quatre mois en 2008. Une réduction d’effectif importante, de l’ordre de 400 à 500 personnes, des gains consentis de productivité et de flexibilité au niveau de la concurrence, et une flotte ajustée auraient pu suffire à ajuster le tir. Cela, à condition que l’actionnaire soit disposé à reprendre le risque d’armateur, et ne soit pas contraint par la posture de mensonge ou de non-dits d’un groupe public, tout en assurant des fins de mois sans espoir. Et à condition que les syndicats constituent une intersyndicale puissante, en confiance. La crise a duré près de trois ans, les événements étant toujours en retard sur la réalité. Dans une entreprise ordinaire, le redressement judiciaire aurait dû être prononcé dès septembre 2008. Six mois plus tard, SeaFrance aurait été redressée et recapitalisée, ou vendue.

Le marché reste médiocre. Eurotunnel, P&O Ferries et DFDS Seaways sont capables d’assurer la prestation avec leurs moyens actuels sans problème en basse saison, avec du renfort en haute saison. Mais l’attrait du détroit est fort. D’un côté, Eurotunnel, devenu une machine à générer du résultat opérationnel, veut devenir une valeur de base boursière. Pour cela, il lui faut contrôler le détroit. De l’autre, le géant danois de la mer du Nord DFDS pousse vers le sud, et a trouvé un allié en LD Lines, dont les forces sont limitées. Une autre époque commence, qui pourrait bien faire encore une ou plusieurs victimes.

Les dates clés

Février-mars 2008: grève de 16 jours des officiers de SeaFrance.

Début avril 2008: acquisition du SeaFrance-Molière.

Juin 2008: début du retournement de marché.

3 octobre 2008: Pierre Fa est nommé président du directoire, David Azéma président du conseil de surveillance. SeaFrance emploie près de 1 700 salariés, dont 1 350 navigants avec six navires.

17 février 2009: la direction de SeaFrance annonce le Nouveau plan industriel (NPI): quatre navires et 650 suppressions d’emploi. Le syndicat majoritaire CFDT refuse en bloc.

6 janvier 2010: signature des accords. Mais le passif s’est creusé.

Pâques 2010: quatre jours de grève à l’appel de la CFDT.

28 avril 2010: clause de sauvegarde au tribunal de commerce de Paris.

30 juin 2010: redressement judiciaire. Suivent un « NPI 2 » et deux plans de sauvegarde de l’emploi, qui ramènent l’effectif à 880 salariés. En octobre 2010, le NPI 2 est appliqué. Licenciements achevés au premier semestre 2011.

Février 2011: l’autorité de la concurrence européenne refuse la recapitalisation par la SNCF.

16 novembre 2011: le tribunal de commerce prononce la liquidation avec autorisation de continuation, repousse l’offre de reprise de DFDS-LD armateurs, laisse un temps au projet de Scop pour tenter de se financer.

30 décembre 2011: Eurotunnel écrit au président du tribunal de commerce.

9 janvier: liquidation définitive.

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