En 2011, Brittany Ferries a transporté 2,6 millions de passagers, 200 000 véhicules industriels et 800 000 véhicules de tourisme entre la France, la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Espagne. « Nous avions des capacités en plus, tant sur le transmanche que sur le transgascogne, commente Jean-Marc Roué, le président de l’armement breton. Mais si nous avons totalisé 42 000 passagers supplémentaires par rapport à l’exercice précédent, soit 1,9 % de mieux, nous ne sommes pas arrivés à un niveau satisfaisant susceptible de couvrir les efforts consentis. » Un constat qui va immanquablement mener la compagnie à serrer encore les boulons.
D’abord, basé à Cherbourg, le ferry Barfleur sortira de la flotte. Les rotations transmanche y seront alors assurées par les deux navires rapides Normandie-Express (850 passagers) et Condor-Vitesse (700 passagers). Ensuite, comptant jusque-là sept rotations hebdomadaires, les lignes transgascogne vont en perdre une. Le Cotentin n’effectuera plus qu’une rotation Angleterre-Espagne, le week-end, où il épaulera le Pont-Aven et le Cap-Finistère. Pourquoi ce léger repli? « L’activité transport de camions poursuit sa progression, répond Jean-Marc Roué. Nous pensons avoir capté le marché, mais ce dernier reste insuffisant pour remplir tous nos garages. » Arguant d’un manque de subventions et du coût des marins français, la compagnie lève donc légèrement le pied là aussi.
Rien de changé en revanche sur le trafic vers l’Irlande qualifié d’« électroencéphalogramme plat ». Les trafics sur l’Irlande ont pourtant bel et bien progressé. Mais selon les analyses de l’armement breton, toute la croissance est assurée par Celtic Link. « Quand on arrive à éroder les coûts fiscaux et salariaux, on arrive à déplacer des clients et à rivaliser avec l’aérien et le routier », constate Jean-Marc Roué.
Le fond du problème reste quand même la tenue de la livre sterling et la baisse des revenus de la clientèle anglaise. En 2007, quand l’armement était en flotte complète, il a clôturé l’exercice à 1,45 € la livre. « Fin 2011, nous étions à 1,20 € », explique le président. Et cette parité défavorable se double d’une sévère érosion du pouvoir d’achat du client anglais (4 % d’inflation, non-revalorisation des retraites, sévères tailles dans l’administration) qui, vu la conjoncture, « préfère de plus en plus rester chez lui ». Toutes destinations confondues, cette érosion de clientèle est de 20 % depuis 2008. « Quand on a eu dix clients à se partager, on n’en a plus que huit. Et ça continue de se dégrader », conclut Jean-Marc Roué, justifiant ainsi le nouveau périmètre de sa flotte.