« Au travers du partenariat avec DFDS, nous créons un opérateur leader sur la Manche centrale et le détroit »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): VOUS AVEZ DÉMARRÉ, LE 17 FÉVRIER, LA PRÉMIÈRE ROTATION COMMERCIALE ENTRE CALAIS ET DOUVRES AVEC LE NORMAN-SPIRIT QUI SCELLE VOTRE ALLIANCE AVEC DFDS. POURQUOI AVOIR CHOISI DE CONCLURE UN PARTENARIAT AVEC CET ARMATEUR?

CHRISTOPHE SANTONI (C.S.): Le choix de nouer un partenariat avec DFDS repose sur deux constats principaux. En premier lieu, le marché du transmanche traverse une crise extraordinairement difficile depuis 2008. L’industrie doit donc s’adapter et nous pensons que la meilleure, voire la seule solution, passe par la consolidation. Nous avons donc choisi de nous allier à un armateur déjà fortement implanté sur le transmanche. En second lieu, les deux réseaux de DFDS et de LD Lines sont complémentaires et ne présentent aucun doublon. DFDS est présent là où nous ne sommes pas et inversement.

Au travers du partenariat avec DFDS, nous créons un opérateur leader sur la Manche centrale et le détroit. À ces deux constats, il convient d’ajouter que LDA et DFDS partagent une même vision et les mêmes ambitions pour assurer le développement et la pérennité de nos activités ferries. L’alliance entre DFDS et LDA s’est donc imposée naturellement pour les deux partenaires.

JMM: LA STRUCTURE COMMUNE EST DÉTENUE À HAUTEUR DE 80 % PAR DFDS ET 20 % PAR LD LINES. POURQUOI CE DÉSÉQUILIBRE?

C.S.: Cette répartition est proportionnelle aux apports des deux partenaires. Pour bien comprendre la situation, il faut commencer par percevoir le champ d’application de cette entité. L’alliance entre DFDS et LD Lines porte sur les lignes du Havre, de Dieppe, de Dunkerque, de Calais ainsi que celle en Méditerranée (entre Marseille et Tunis). DFDS apporte son fonds de commerce de Dunkerque ainsi que les trois navires qui l’opèrent. La dimension et les volumes du service de Dunkerque plaident en faveur de DFDS à hauteur d’environ 80 %, même si nous apportons le premier navire sur la ligne Calais-Douvres.

JMM: VOUS AVEZ ANNONCÉ QUE VOUS ALIGNEREZ DEUX NAVIRES SUR LA ROTATION ENTRE CALAIS ET DOUVRES. SERONT-ILS ARMÉS SOUS PAVILLON FRANÇAIS?

C.S.: Le premier navire qui a effectué la rotation entre les deux ports du détroit est le Norman-Spirit, sous pavillon français. Quant au second navire, même s’il n’est pas encore choisi, il sera également sous pavillon français conformément à nos engagements. Le développement en Manche de LD Lines repose sur le pavillon français. Nous avons eu à cœur de démontrer à notre partenaire que ce pavillon est compétitif dès lors qu’il est correctement géré. Actuellement, le Norman-Voyager assure les rotations sur la ligne du Havre. Il passera sous pavillon français dès le début du mois de mars. Une partie des équipages actuellement sur le Norman-Spirit sera transférée sur le Norman-Voyager, ce qui nous permet d’embaucher d’autres personnels navigants pour le Norman-Spirit.

JMM: VOUS AVEZ ANNONCÉ L’EMBAUCHE DE 300 PERSONNES POUR ASSURER LES ROTATIONS CALAIS-DOUVRES. PUISEREZ-VOUS DANS LES PERSONNELS DE SEAFRANCE POUR CES EMPLOIS?

C.S.: Nous devons embaucher 300 personnes dont environ 230 navigants et 70 sédentaires. Nous avons affirmé notre souhait d’accorder une priorité d’emploi aux personnels de SeaFrance. Depuis quelques semaines, nous avons reçu plusieurs centaines de CV et 115 anciens salariés ont déjà été recrutés. Pour les sédentaires, nous avons également fait appel à nos collègues de Boulogne avec qui nous sommes restés en contact. Cela concerne une quinzaine de personnes. Nous avons également recruté 35 sédentaires, anciens salariés de SeaFrance, qui vont nous apporter leur savoir-faire et leur expérience de la ligne Calais-Douvres. L’intégralité des collaborateurs, navigants et sédentaires, sera gérée depuis nos bureaux français.

JMM: VOUS ANNONCEZ DEUX NAVIRES SUR LA LIAISON CALAIS-DOUVRES QUAND LE MARCHÉ PEINE. NE PENSEZ-VOUS PAS CRÉER UNE SURCAPACITÉ SUR CETTE ROUTE ET VOIR LES PRIX S’EFFONDRER DE NOUVEAU?

C.S.: Notre plan stratégique prévoit le déploiement de cinq navires sur le détroit (les trois navires de DFDS déjà opérationnels sur Dunkerque plus deux navires sous pavillon français). Le Norman-Spirit opère sur Dunkerque depuis début décembre. Son redéploiement sur Calais ne viendra pas ajouter de la capacité supplémentaire puisqu’il s’agira d’un rééquilibrage entre Dunkerque et Calais. L’arrivée du second navire augmentera en revanche notre capacité globale qui restera néanmoins très inférieure à celle déployée par SeaFrance. Avant sa liquidation, SeaFrance opérait quatre navires. Nous remplaçons quatre unités par deux. L’alliance LDA/DFDS repose donc sur la mise en place d’un réseau qui s’étend de la Manche Ouest au détroit tout en adaptant notre capacité pour tenir compte de la réduction de la demande.

L’arrivée de ces deux navires ne devrait donc pas bouleverser l’équilibre entre l’offre et la demande sur le détroit. Nous entrons sur cette route pour gagner de l’argent et sans subventions. Notre alliance avec DFDS a pour objectif de créer une compagnie suffisamment solide pour être rentable et pérenne malgré la crise qui continue d’impacter le marché du ferry en général et celui du transmanche en particulier.

De plus, en 2015, les règles imposées par l’annexe VI de Marpol sur l’utilisation de combustibles avec 0,1 % de soufre vont complètement changer la donne. Cette échéance va rebattre toutes les cartes sur la Manche. Nous devons nous y préparer, et grâce à cette alliance avec DFDS, nous serons mieux armés pour y faire face.

JMM: AVEC LE RECUL, COMMENT ANALYSEZ-VOUS LES DERNIERS MOIS ET VOS RELATIONS AVEC LES RESPONSABLES DU PROJET DE REPRISE DE SEAFRANCE PAR UNE SCOP?

C.S.: Nous avions déposé une reprise d’une offre au tribunal de commerce pour reprendre SeaFrance avec 540 emplois. Le 16 novembre, le tribunal de commerce de Paris a rejeté notre offre. Nous avons alors fait savoir que nous étions prêts à déposer une nouvelle offre améliorée à condition de pouvoir dialoguer avec les partenaires sociaux de SeaFrance. Ces derniers ont toujours refusé de nous rencontrer. Par ailleurs, le contexte social s’est tendu avec des déclarations hostiles à l’égard de LD Lines et DFDS de la part de certains personnels de SeaFrance.

Nous avons alors décidé de ne pas formuler de nouvelle offre et SeaFrance a été liquidée. Pour autant, notre projet d’alliance avec DFDS conserve toute sa pertinence. Nous avons donc décidé de nous implanter à Calais en nous appuyant sur le pavillon français. Aujourd’hui, nous créons 300 emplois dans le cadre de ce projet, voilà du concret.

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