Le nouvel enjeu des zones glaciaires

L’école nationale supérieure maritime (ENSM) du Havre a organisé la semaine dernière un colloque sur le thème des stratégies maritimes en zone polaire. Franck Guy, administrateur des affaires maritimes et enseignant à l’ENSM et Christian Larrieu, directeur de l’école, ont réuni un large panel de spécialistes. Paul-Louis Paoli, administrateur de l’Association des officiers de réserve de la Marine nationale (Acoram) et spécialiste de l’histoire des explorations polaires, a introduit le colloque. Météorologie, recherche, droit, voies maritimes, sécurité, ressources, les sujets les plus variés ont été abordés. Pour Franck Guy, l’objectif de ces rencontres est de dresser un état des lieux du développement polaire, la question étant de savoir sir la présence humaine sera plus importante avec la nouvelle donne climatique. L’Arctique et l’Antarctique sont aujourd’hui des régions symboliques de la planète suite au réchauffement climatique. Ces milieux contraignants sont aussi des espaces convoités pour leur position stratégique. Les partisans de son développement y voient une nouvelle frontière à exploiter. Des États s’y disputent également son contrôle. À la tribune, les avis sont partagés. Si la compagnie du Ponant développe son activité croisière en Antarctique, Louis Dreyfus Armateurs se montre plus prudent. Antoine Person, le secrétaire général de la compagnie, rappelle que la grande majorité des armateurs sont aujourd’hui « attentistes ». « La fonte des glaces de l’Arctique ne va pas ouvrir de nouvelles routes. Il n’y a pas de logique économique à passer le pôle. En revanche, il est clair que les zones prochainement libérées des glaces constituent d’énormes réserves de matières premières minérales. Et le plus simple pour les exporter sera d’aller les chercher avec des navires », explique-t-il. Pour les responsables de l’ENSM, l’enjeu n’est pas neutre et si ces perspectives doivent se confirmer, il faudra être en mesure de former des officiers pour naviguer dans ces zones. L’organisation maritime internationale (OMI) finalise à l’heure actuelle un code polaire pour une meilleure sécurité de navigation dans ces zones.