En juillet 1957, Le Journal de la Marine Marchande (JMM) aborde le sujet des pavillons de complaisance. « Les flottes sous pavillon de complaisance – Liberia, Panama, Honduras et Costa-Rica – croissent constamment et avec elles les problèmes que cet essor pose aux puissances maritimes traditionnelles. » En 1957, le problème est d’origine relativement récente.?Il date de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, les flottes de ces pays ne dépassent pas 700 000 tonneaux bruts. Dix ans plus tard, elles atteignent 11 Mtx, soit 10 % du tonnage mondial existant et 20 % du tonnage mondial en construction. 50 % de ce tonnage environ appartient aux armateurs grecs en exil, 35 % à des Américains, et 15 % à des armateurs de diverses nationalités, souligne le JMM. L’armement américain y trouve l’avantage de frais d’exploitation réduits et l’absence d’obligation sociale. Les Grecs y voient un intérêt fiscal: dans les quatre pays concernés, les impôts sont négligeables. Le JMM s’interroge sur les mesures à mettre en place pour lutter contre le développement de ces pavillons. Le JMM rappelle, par exemple, que la France a proposé une conférence pour interdire l’accès des ports aux navires de ces pavillons.?Mais « une telle option est contraire aux dispositions de l’International Port Convention et n’a donc eu aucun succès ». D’autres solutions ont été envisagées, « mais toutes soulevaient de graves problèmes car il ne faut pas oublier que 40 % de la flotte pétrolière panaméenne et 25 % de la flotte libérienne appartiennent à des sociétés pétrolières américaines ». Selon le journal, un boycottage économique dépend toujours de la situation du marché des frets et on ne peut espérer que les affréteurs boycottent volontairement des armements qui répondent idéalement à leurs besoins. La question des pavillons de complaisance préoccupe plus particulièrement les organisations syndicales internationales. L’International Transport Workers Federation a essayé à diverses reprises des actions de boycottage, « qui ont toutes échoué ». Toutes les mesures dans ce domaine se heurteront toujours au très haut standing actuel des navires battant ces pavillons et il ne faut donc pas espérer qu’une action syndicale puisse donner un résultat, assure le JMM. Ce dernier évoque enfin la volonté de certains pays scandinaves d’entreprendre une action dans le cadre de l’Otan car les navires de complaisance, travaillant au détriment des navires dépendants de pays rattachés à cette organisation, affaibliraient le potentiel militaire de ces mêmes pays. En réalité, conclut le JMM, « il ne semble qu’aucune mesure ne soit susceptible de se révéler efficace pour lutter contre les pavillons de complaisance ».
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Il y a 55 ans… – dans le Journal de la Marine Marchande
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