Le mandataire liquidateur de SeaFrance a envoyé 510 lettres de licenciement au début de la semaine dernière aux salariés de SeaFrance. Quinze sont en procédure de reclassement dans le groupe, selon Me Gorrias. Les cheminots détachés réintègrent l’entreprise ferroviaire. Les salariés encore dans l’entreprise pour quelques semaines, un peu plus de 300, se répartissent pour moitié environ entre la cellule de liquidation (gardiennage des navires, tâches administratives liées à la liquidation) et les salariés protégés. Selon le syndicat majoritaire CFDT, les élus syndicaux ont de nouveau refusé les conditions du plan social, mais ont dû remettre leur avis « sous la menace d’un non-paiement des salaires », indique cette source. L’avis déclenche de facto la procédure de licenciement.
Le torchon brûle
Le torchon brûle entre l’actionnaire SNCF et le mandataire de justice. Le 23 janvier, la SNCF a publié un communiqué indiquant qu’« à la suite de discussions intervenues entre la SNCF et le liquidateur depuis jeudi, la présence de la SNCF au comité d’entreprise n’a finalement pas été jugée pertinente ». Me Gorrias a répondu sèchement dès le lendemain en demandant « qu’un rectificatif soit publié concernant une invitation qu’il aurait faite à la SNCF de ne pas venir au CE de SeaFrance. Ni Me Gorrias ni SeaFrance n’ont pris une telle initiative. Malgré sa demande persistante, la SNCF n’a pas diffusé de correctif ou démenti ». « Le mandataire judiciaire souhaite que les informations concernant sa mission soient justes, juridiquement valides et concrètes », ajoute-t-il. La SNCF a avancé le chiffre de 720 possibilités de reclassement. Selon l’avocat des salariés, Me Brun, il s’agissait de nouveau, comme lors du PSE précédent, d’une procédure de recrutement externe, et non de reclassement. Au bout du compte, 15 salariés ont signé.
La CFDT, de son côté, a réuni ses troupes à Calais le 25 janvier. Le décryptage de l’indemnisation des licenciés, donné par Bruno Landy, de la CFDT, se détaille ainsi: à l’indemnité conventionnelle s’ajoute une indemnité complémentaire de 22 000 € brut, et 200 € par année d’ancienneté. Ensuite, la SNCF avance une transaction de 3 000 € à 20 000 € brut selon les cas, contre renoncement à tout recours. Le syndicat veut au contraire plaider massivement contre le PSE, troisième et dernier de SeaFrance. Enfin, une aide à l’embauche de 25 000 € par salarié serait versée au nouvel armement créé par la Scop, au prorata du nombre de salariés ex-SeaFrance embauchés, membres de cette Scop. Il ne s’agit pas d’une aide individuelle à la création d’entreprise, mais d’une subvention à l’embauche. C’est-à-dire d’une aide publique directe.
Jacques Gounon confirme dans la presse locale sa volonté d’acheter trois navires, les Rodin, Berlioz et Nord-Pas-de-Calais. DFDS et LDA n’ont pas souhaité répondre à nos questions.