Quel début d’année tonitruant! À peine les événements autour de SeaFrance et de la décision du tribunal de commerce de Paris de prononcer sa liquidation sont-ils digérés qu’un vendredi 13 sera venu rappeler aux plus superstitieux leurs craintes. L’échouement du Costa-Concordia pourra être perçu comme annonciateur de cette année. Si le nombre de morts entre le Titanic et le Costa-Concordia est sans commune mesure, il n’en reste pas moins que les 11 morts déjà dénombrés depuis le 13 janvier sont de trop. Même la perte du triple A de la France n’a pas réussi à supplanter le Costa-Concordia en haut de l’affiche. En lisant la presse anglo-saxonne, Carnival Cruise, propriétaire de Costa Croisières, semble plus ému de perdre des points à la Bourse de New York que des 11 morts. Les déclarations du président de Carnival Cruise sont aussi sur un registre un peu décalé en rejetant la faute uniquement sur le capitaine au mépris de toutes les conventions internationales maritimes. La direction de Carnival a donné la barre du navire sans se préoccuper de la navigation ni jouer son rôle de direction? Si le capitaine est partiellement responsable, l’armateur l’est tout autant. Du côté de Carnival, les inquiétudes semblent porter plus sur le devenir du marché de la croisière. Et pour dynamiser les ventes, il s’est payé un panneau géant sur Times Square. Quant à l’Organisation maritime internationale (OMI), elle se dit attentive aux conclusions pour adapter le droit. De là à voir un paquet Concordia pour légiférer sur la sécurité à bord des navires de croisière, il n’y a qu’un pas. Pour reprendre Montesquieu, « les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires », alors attention à ne pas polluer non plus le cadre juridique maritime par de nouvelles dispositions quand le cadre actuel suffit. Enfin, si le personnel d’exécution est formé pour organiser l’évacuation, ils ne reçoivent pas de formation en psychologie pour atténuer l’effet panique d’un événement exceptionnel.
Édito
Le paquet Concordia
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