« La situation sociale est encore fragile, même si le climat est moins tendu, plus apaisé. » Arrivé à la tête des ressources humaines de l’établissement portuaire en 2008, Michel Novellini a une solide expérience dans le domaine. Pour la conforter, il a même entrepris des études de psychologie sur le tard. À Marseille, ce n’est pas superflu. « Ici, le travail est très lourd pour un DRH. Les relations avec les organisations syndicales sont chronophages. Je passe 30 % à 40 % de mon temps en discussions », constate ce natif de l’Île de Beauté qui a effectué une partie de ses études à Marseille. Après la mise en application de la réforme qui l’a parfois mobilisé « jour et nuit » avec le DG, le DRH n’en a pas fini. « La réforme ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a encore plusieurs éléments en cours de suivi et de réalisation. »
Deux élections pour une CCNU
La nouvelle convention collective nationale unifiée (CCNU) ports et manutention est sur la table. Son calendrier vient percuter deux élections. Au niveau national, la présidentielle dont la date devrait coïncider avec la signature officielle à Paris, et localement, les élections des représentants du personnel qui auront lieu fin janvier au GPMM. « Ce qui explique pourquoi les organisations syndicales traversent aujourd’hui une période de surenchère en termes de demandes », explique Michel Novellini. Les résultats de ces élections du personnel qui ont été repoussées il y a un an à cause de la situation conflictuelle de l’époque, constitueront un thermomètre. Après le départ de 411 salariés vers la manutention, le GPMM compte aujourd’hui un effectif d’un millier de personnes d’une moyenne d’âge de 43,5 ans. Si un tiers des salariés a quitté l’établissement, la masse salariale ne s’est pas allégée d’autant, loin s’en faut. « Il faut compter les charges induites par la réforme portuaire, notamment les conventions tripartites salariés-port-manutentionnaires. »
La préparation de la nouvelle convention occupe une bonne partie des énergies des ressources humaines. Le dossier est assez lourd pour se faire assister par le cabinet de conseil en management Altedia. « Les applications locales de la CCNU à négocier sur le plan local sont importantes: les nouvelles grilles de rémunération, le nouveau système d’évolution des carrières… ». Bref, il faut ajuster l’ancien et le nouveau. « Nous travaillons surtout les postes et non les personnes », précise le DRH. « On aboutit à des postes référence. Ce n’est que par la suite que les cas individuels seront traités. Nous veillerons à ce qu’aucun agent n’y perde. Personne ne subira de baisse de rémunération. Il n’en est pas question », garantit-il.
Pas d’inquiétude lourde sur le personnel
L’exercice n’est jamais aisé. L’équation se déroulera dans le cadre du rapport masse salariale sur chiffres d’affaires. Question brutale: y a-t-il deux fois trop de personnel dans l’établissement comme le prétendent certains représentants de la communauté portuaire? « La formule semble assurément très exagérée », répond Michel Novellini. Et aussitôt d’assurer qu’il n’y a « pas d’inquiétude lourde qui pèse sur le personnel du GPMM. Dans la situation actuelle, aucun plan social n’est envisagé si c’est ce que vous voulez me faire dire. Je peux formellement l’affirmer. Cela irait d’ailleurs au contraire de la réforme portuaire conçue pour le développement des activités ».
Des affectations et des repositionnements avec l’accord des intéressés
Le plan de non-remplacement des départs à la retraite (le GPMM compte une centaine d’agents de plus de 58 ans), cher à la fonction publique, ne touche pas le GPMM. « Nous n’avons pas de stratégie arrêtée. Cela dépend des besoins. » Comment l’établissement a-t-il géré le départ de près d’un tiers de ses effectifs d’exploitation? Michel Novellini préfère parler d’adaptation plutôt que de réorganisation. « La dernière réorganisation a été faite par le DG Guy Janin en 2007 », rappelle-t-il. Préparée, la récente configuration s’est effectuée par « des ajustements au nouveau périmètre d’activités du port, un recentrage sur les fonctions d’aménageur et autres régaliennes ». Quelques affectations internes ou repositionnement se sont faits « avec l’accord des intéressés ». La création d’une direction du développement s’est ainsi effectuée à travers le regroupement de services existants. La direction de l’aménagement qui se trouvait au cœur de cette adaptation a été renforcée ainsi que les directions des finances et des ressources humaines. Pas de grands mouvements de fond, donc. Même le plan de formation qui prévoyait un petit budget dans le cadre de la réforme n’a été guère touché dans ses habitudes.
Les choses évoluent donc au GPMM. Mais vous n’arriverez pas à faire dire à son DRH que la réforme portuaire y coule comme un long fleuve tranquille. « Chaque port possède des spécificités, mais à Marseille il y en a plus qu’ailleurs. Ici, il y a une histoire et une culture très différentes. »