« Parmi tous les dispositifs prévus dans le texte paritaire du 30 octobre 2008 qui fixait le cadre social de la réforme, nous en avons utilisé un seul: la cessation anticipée d’activité », indique Louis Leuret, secrétaire général au Grand port maritime de Bordeaux. Trente salariés ont ainsi obtenu une cessation anticipée d’activité préalable au dispositif de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (Caata). Parmi ces derniers, treize ne sont déjà plus salariés, le départ des autres s’échelonnant jusqu’à fin 2014. « Cela a été possible car nous avons su anticiper dès 2008 dans le cadre de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et de la pyramide des âges », note Louis Leuret. Ouvert à l’ensemble des salariés entrant dans le champ d’application du décret amiante et pas seulement aux personnels de l’exploitation, ces départs anticipés découlent directement de la réforme. « En cédant toute la branche de l’exploitation, cela entraîne forcément des répercussions sur les fonctions supports: la gestion des paies, le parc de véhicules etc. »
Au total, seulement neufs personnels de l’exploitation qui intervenaient déjà sur la maintenance des outillages cédés s’inscrivent dans ce dispositif. Pour rappel, 47 salariés ont été transférés à la nouvelle société de manutention BAT (Bordeaux Atlantique Terminal). Le service d’exploitation, hors service commercial, en comptait 72. Parmi les 25 restants, 13 sont partis en CAA et les autres, des électriciens et des mécaniciens, ont été affectés pour neuf d’entre eux au service de la maintenance. « Cela a été réalisable car le port a signé un contrat de maintenance de l’outillage pendant cinq ans. Ce personnel a donc gardé les mêmes compétences, les mêmes postes au même endroit. Il n’y a eu aucun licenciement et aucun reclassement acrobatique. Outre l’effet aubaine-pyramide des âges, nous avons eu la chance par rapport à d’autres ports d’avoir un important ratio de personnels transférés, 47 sur 72, soit 65 % de l’effectif concerné », précise Louis Leuret. Comptant 375 salariés en 2011 – le port employait près de 1 500 personnes au début des années 1980 –, le GPMB en totalisera 361 en 2012. Après deux ans de gel des recrutements, en raison des réorganisations inhérentes à la mise en œuvre de la réforme, le port a procédé dernièrement à une huitaine d’embauches.
De nouvelles entités
La réforme portuaire a, en parallèle, demandé aux ressources humaines de plancher sur une nouvelle organisation et appellation des services. La direction de l’exploitation notamment, a disparu, laissant la place à une nouvelle direction de la maintenance. De manière transitoire, l’entité commerciale qui était intégrée à l’exploitation a été transférée à la direction générale. « On mène actuellement une réflexion en interne pour créer une direction complémentaire “stratégie et développement” qui serait dédiée à la promotion du port. Elle permettrait une meilleure visibilité de nos atouts et de nos savoir-faire par nos clients et des synergies au sein de notre organisation. »
Par ailleurs, tout en gérant la mise en place de la nouvelle convention collective nationale unifiée (CCNU), la direction du port de Bordeaux attend début 2012 les résultats d’un appel d’offres pour des audits organisationnels et concurrentiels de leur activité maintenance. « Ils nous permettront d’avoir un regard extérieur sur nos forces et nos faiblesses et d’envisager, selon les préconisations, des adaptations dans notre organisation », conclut Louis Leuret.