« Nous restons une entreprise de cols bleus », tempère-t-il. Les grutiers, les portiqueurs, les agents d’entretien ne sont pas tous partis. À Montoir où les engins de levage ont été transférés au secteur privé, la maintenance lourde reste sous-traitée par les nouveaux propriétaires réunis dans le Groupement de main-d’œuvre portuaire (GMOP) au Grand port maritime. Le port reste aussi directement opérateur de manutention à Nantes et à Saint-Nazaire. « Le travail à quai qui constituait le cœur de notre métier n’a pas disparu. Il est simplement devenu accessoire. Cela fait évoluer les missions du port. Les priorités s’appellent à présent aménagement de l’espace portuaire, croissance de l’activité. C’est un travail d’ensemblier », explique Francis Bertrand. Les cols blancs y sont plus importants.
Du point de vue des ressources humaines, la mutation a eu pour première conséquence, avant le démarrage de la réforme, de ne plus embaucher grutiers, portiqueurs, techniciens de maintenance, qui auraient été voués à partir. « Nous avons fonctionné plusieurs mois en mode dégradé », admet Francis Bertrand. Ensuite, il a fallu reclasser la vingtaine de personnes aux mêmes compétences mais n’appartenant pas au périmètre d’activités transférées. À elles, les bilans de compétence, analyses de carrières, réorientations, formations dans le cadre d’un bel exercice de gestion des carrières et des compétences (GPEC). Comme tout le personnel du port, elles ont été plongées de surcroît dans la nouvelle culture de l’entreprise Grand port maritime, orientée client et fonctionnant à partir d’un projet stratégique. « À la même enseigne que n’importe quel grand service public, précise Francis Bertrand. Mais en plus de la réforme, nous avons aussi changé de dirigeant, avec l’arrivée de Jean-Pierre Chalus qui a fait sa marque. »
Une direction clients
La direction des trafics a été remplacée par une direction clients, chargée de la relation du port avec les utilisateurs du domaine portuaire et de la promotion générale auprès de leurs propres clients, chargeurs et armateurs. Autre priorité, la démarche qualité. Le souci de l’environnement s’incarne désormais dans une certification ISO 14000 obtenue pour le moment dans le dragage et l’accueil des navires. D’autres domaines devraient suivre. Le management en « mode projet » s’articule à l’aide d’un logiciel baptisé MAPP (méthode adaptée au projet du port) qui rassemble tout le personnel autour de la même méthode de travail alignant les points de situation, les passages de jalons, les études de faisabilité, etc. L’important est d’avancer. La règle générale est désormais la maîtrise des coûts. Pour assurer ses nouvelles missions, le port n’a embauché qu’une petite vingtaine de personnes.