La réforme portuaire est passée de son stade administratif à celui de l’application. « Nous entrons dans le dur du sujet », ont souligné les responsables portuaires au cours de ces derniers mois. Neuf mois après le transfert du personnel grutier et de maintenance vers les sociétés de manutention, le temps est venu d’observer les évolutions au sein même des Grands ports maritimes. Parce que cette réforme, qui s’est voulue avec des objectifs économiques d’une nouvelle dynamique portuaire, comporte un volet social majeur. Les négociations sur la nouvelle convention collective unifiée ports et manutention en a été la partie émergée de l’iceberg. Bien avant, les Grands ports maritimes à peine constitués avec leur nouvelle organisation ont dû plancher sur un projet stratégique. Chacun a réfléchi aux voies à emprunter pour son avenir. Un exercice pas si neuf que cela puisque dès 2005, lors du changement des conseils d’administration des précédents ports autonomes, le secrétaire d’État aux Transports de l’époque, Dominique Bussereau, a demandé aux nouveaux directeurs de plancher sur des plans d’entreprise. En bon élève, Nantes/Saint-Nazaire a joué le jeu.
Le texte de la loi de la réforme portuaire est avant tout destiné à donner plus d’autonomie et de réactivité aux organes de décision des ports. De la théorie à la réalité, le fossé s’avère plus grand qu’il n’y paraît. L’autonomie rêvée des Grands ports maritimes est loin d’être effective. Quant à vouloir imposer une nouvelle culture plus orientée vers le client, les choses prennent peu à peu forme.
L’heure est au diagnostic
Cette réforme oblige aussi les ports à gérer leurs relations sociales comme une entreprise. Déjà les premiers comités d’entreprise se mettent en place. Pour d’autres, l’arrivée sur le bureau des responsables des relations humaines des dossiers comme la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) sont des choses nouvelles. Il ressort, au travers de nos enquêtes, que les Grands ports maritimes ont un besoin urgent en RH. Depuis l’annonce de la réforme en 2007 jusqu’à son application en mai, les ports ont souffert d’un manque de recrutement pour pallier aux départs. Et la difficulté pour les dirigeants de ces établissements d’adapter les compétences de son personnel à celui de ses nouvelles missions relève souvent de la quadrature du cercle. Après le round des négociations sur la convention collective unifiée, le dialogue social repart de plus belle pour les personnels des ports. L’heure est au diagnostic pour identifier les compétences et les métiers. La mise en adéquation entre ces deux concepts risque d’être plus ardue.