Selon Laurent Delaporte, d’autres problèmes se posent. « Cette réforme, c’est trois ans de lutte syndicale. Mais nous restons mobilisés. Depuis la mise en œuvre des textes, le GPMH a en effet pris la décision de ne plus embaucher, notamment dans les métiers de conducteurs d’engins, les métiers de maintenance… Les départs à la retraite ne sont pas remplacés », souligne-t-il. Au Havre, en mai, 205 salariés du GPMH ont été détachés dans le cadre de la réforme voulue par le gouvernement. Cette nouvelle donne a conduit le port du Havre à se recentrer sur certaines activités et, parallèlement, à réorganiser les services. C’est cette réorganisation que conteste aujourd’hui la CGT. « La situation est tendue avec la direction des ressources humaines. Il y a une nouvelle convention collective, une des clauses sociales de la réforme. Cette réorganisation touche plusieurs services, les magasins, les ateliers. Le sous-effectif est un vrai problème. Nous avons de plus en plus de difficultés à assurer nos missions, ce qui affecte la fiabilité et la sécurité. En trois mois, il y a eu jusqu’à 120 dérogations pour assurer les services. On fait revenir des gens qui étaient en repos. Ca ne peut plus durer. » Le personnel du GPMH intervient encore sur les écluses, l’activité ferry et l’activité croisière lors des escales de paquebots. « Le port ne remplace pas certaines catégories de personnel comme les accoreurs. Il y aussi la question de l’outillage. Le Havre veut jouer la carte de la croisière, or le GPMH projette de mettre à la ferraille trois grues dédiées aux paquebots pour en acquérir une seule. Les moyens ne sont pas adaptés. Nous faisons front. »
Stress au travail
Laurent Delaporte estime également que les personnels sont en nombre insuffisant pour l’activité ferry et écluses. Le responsable CGT ajoute que le port fait appel depuis plusieurs années à des CDD, essentiellement dans l’administration. La CGT en dénombrait 98 en 2010. Le syndicat a mené un combat pour en faire titulariser. Vingt-trois personnes sont ainsi passées d’un CDD à un CDI. « Parmi le personnel notamment administratif, beaucoup de gens sont au bout du rouleau. En lien avec le comité d’hygiène et de sécurité, nous travaillons actuellement sur le thème des risques psychosociaux pour mieux épauler les salariés en situation de détresse. Il y a chez nous une multiplication d’accidents du travail, d’arrêts maladie. Lors de la dernière grande réunion commerciale du GPMH à Paris, pas un mot n’a été prononcé sur le personnel. Or, c’est le personnel qui contribue à l’essor du port, comme en 2007 lorsque les résultats étaient encore bons du point de vue du trafic. » Le responsable CGT explique également que les relations avec la direction ont changé du fait de la réforme. « Avant, nous étions en contact avec un directeur, un directeur général. Aujourd’hui, c’est un directoire qui gère l’aspect stratégique des choses. » En 2007, le GPMH comptait 1 550 salariés sans les CDD. En 2011, ce nombre est passé à environ 1 176, CDD compris.