Le lendemain de la décision du Tribunal de commerce, le ministre Nathalie Kosciusko-Morizet était en service commandé à Calais pour au moins deux raisons officielles: d’une part rencontrer la maire de Calais Nathalie Bouchard et lui dire que l’État avait pris la mesure du « défi majeur pour la ville de Calais » que représente la disparition de SeaFrance. L’État s’engage à appuyer les démarches de réindustrialisation et revivification qui seront entreprises. D’autre part, NKM a rencontré séparément à la sous-préfecture les représentants des différentes tendances de salariés: le syndicat CFDT majoritaire, le CGT marins minoritaire, l’intersyndicale officiers CGC-CGT majoritaire parmi ces derniers, et le collectif de non-syndiqués, qui revendiquait le 10 janvier 125 adhérents.
Le ministre disant qu’elle était là pour « créer le contact, écouter les uns et les autres » a résumé la situation: Les salariés devraient recevoir leur lettre de licenciement après le 20 janvier. Ils pourront alors choisir s’ils le souhaitent une solution de reclassement dans le groupe SNCF, avec une forte hypothèse de mobilité professionnelle et géographique, que l’on sait mal acceptée en général, et à Calais en particulier. Selon le ministre, le conseil d’administration de la SNCF a entériné un montant d’indemnisation supra légale de 36 M€. Une information à vérifier. La veille après-midi, Me Brun, avocat de la CFDT avait mis en doute en conférence de presse l’existence d’une telle surprime, le montant total de 60 000 € en moyenne par salarié lui paraissant tout juste égal au coût moyen du plan social, tous éléments d’accompagnement confondus.
Vient ensuite ce que NKM appelle les « deux pistes privées ». L’une, la voie ouverte « par LDA », lapsus révélateur, oubliant DFDS, manifestement la piste fiable pour le gouvernement. L’autre, Eurotunnel « une solution que l’on doit explorer. »
Sortant de réunion à la sous-préfecture, tandis que les fidèles à la CFDT manifestaient à deux pas au son de La Marseillaise et du pastiche de Sardou « ne m’appelez plus jamais SeaFrance », Didier Cappelle a stigmatisé une réunion « qui n’apportait aucune réponse à nos questions ». Les pilotes de la SCOP devaient rencontrer très rapidement Eurotunnel. « Nous avons des intérêts communs », a commenté Didier Cappelle. Les non-syndiqués font clairement le choix d’embarquer avec DFDS-LDA, qu’ils devaient rencontrer également rapidement. La CGT marins et officiers et ses alliés de l’intersyndicale n’excluent aucune solution, ne font plus confiance a priori à la SNCF, rencontreront DFDS-LDA pour en savoir plus notamment sur les conditions de travail, et « expriment des doutes quant à Eurotunnel », qu’ils devraient rencontrer, sans pour autant faire confiance aux porteurs de la SCOP.