Avec une nouvelle croissance de 6,7 % sur les douze derniers mois, le port de Melbourne a établi un nouveau record avec 2,39 MEVP manutentionnés sur ses terminaux. En phase avec les prévisions de la direction portuaire, qui estime que dopé par une économie australienne florissante, le trafic devrait doubler d’ici à 2020 et pratiquement quadrupler en 2035 pour dépasser les 8 MEVP. Avec des capacités de stockage actuellement prévues pour 3 millions de boîtes par an, le port s’attend à connaître des problèmes de congestion « dès 2015 », s’alarme Andrew Jana, directeur local de DP World, l’un des deux manutentionnaires de la place. L’alternative présentée en début d’année par les pouvoirs publics, de construire un nouveau terminal à Hastings, situé à une soixantaine de kilomètres au sud-est de la capitale de l’État du Victoria, directement en bord de mer, « ne sera pas effective avant 2025 », reprend l’opérateur. La seule option qui s’offre à la communauté portuaire consiste à étendre les terre-pleins du Swanson Dock de l’autre coté de l’autoroute qui mène à la ville. Un projet est à l’étude, d’une surface supplémentaire de 40 ha, équipé de trois postes à quai, pour un investissement de 600 M€. La solution pourrait être rapidement opérationnelle, mais présente le désavantage de mettre encore plus de poids lourds sur les routes déjà bien engorgées des quartiers ouest de la ville, dans un port où 95 % des conteneurs sont transportés par camions. Le dossier relance également le vieux serpent de mer du troisième manutentionnaire, qui émerge régulièrement des eaux de la baie de Port Phillip. Après l’avoir annoncé en 2007, puis en 2009, le port s’est fait taper sur les doigts en 2011 par la Commission fédérale pour la concurrence, lassée de ne voir toujours rien venir. Hutchinson Ports a déjà fait acte de candidature et espère toujours réussir la passe de trois, après avoir gagné le droit de s’installer sur les terminaux de Brisbane puis de Sydney ces dernières années. L’opérateur hongkongais, qui va officiellement démarrer ses opérations en 2012 dans le pays, arrive au bon moment, alors que les deux ports ont également vu leurs trafics conteneurisés augmenter cette année, dans la foulée des échanges au beau fixe avec l’Asie. Le port de Sydney en a profité pour passer pour la première fois de son histoire, la barre des 2 millions de boîtes manutentionnées (2,02 MEVP, + 4,7 %), et attend avec impatience l’arrivée des 60 ha de son nouveau terminal sur Port Botany courant 2012. Brisbane s’est rapproché un peu plus du million de conteneurs traités (0,98 MEVP, + 6,5 %) et va réceptionner son nouveau quai no 11 en juillet prochain. Les trois principaux ports du pays ont traité ensemble plus de 80 % de l’ensemble des trafics conteneurisés de l’Australie (6,79 MEVP, + 7,3 %).
Perte de 12 M€ de charbon
Sur les trafics de vracs solides, liés essentiellement aux exportations de minerais vers l’Asie, l’année a été plus contrastée entre, à l’Ouest, des tonnages de minerai de fer en hausse (345,35 Mt, + 6,8 %) et à l’Est, des tonnages de charbon en baisse (286,27 Mt, − 4 %). La demande est toujours aussi soutenue, mais les inondations de janvier dernier dans le Queensland, ont provoqué la fermeture prolongée de plusieurs bassins miniers de cette région qui s’est donc soldée par une perte de 12 Mt pour l’ensemble de la filière charbonnière du pays. La baisse a néanmoins été limitée par le regain d’activités dans les mines des Nouvelles Galles du Sud, illustré par les bons résultats de Newcastle, qui, aidé par ses nouvelles installations, a enregistré une hausse de 11 % de ses expéditions de coke, avec plus de 108 Mt. De l’autre côté du pays, Port Hedland a exporté 192 Mt de minerai de fer, en augmentation de 12 %, pendant que son voisin de Dampier arrivait en butée à 136 Mt, en légère baisse, attendant que les nouvelles installations de Cape Lambert, développées par Rio Tinto ne le soulagent et prennent en partie le relais. Ces deux trafics pèsent pour 97 % des exportations de matières premières minières et agricoles australiennes en 2011.