Le 17 janvier 1929, le Journal de la Marine Marchande reprend le point de vue de m. Cuno, directeur de la Hamburg Amerikanische Packetfahrt Actien-Gesellschaft (plus connue sous le nom de Hapag), dans le cadre des ruptures de négociations avec l’armement Norddeutscher Lloyd. Les deux armateurs ont voulu créer une « communauté d’exploitation et d’intérêt ». Une annonce qui a suscité « une vive émotion dans les milieux maritimes allemands ». Cette rupture sur les « points essentiels », selon les dires de M. Cuno, n’intervient en rien dans les accords sur les « points secondaires ».
Dans le même temps, lors de l’inauguration du Magdalena, le patron de Hapag a voulu rassurer. Avec 946 775 tonneaux, la flotte de Hapag se place désormais en tête des compagnies maritimes allemandes. La crainte des observateurs de l’époque a surtout porté sur l’avenir des services de Hapag. « La Hapag consacrera désormais ses efforts à ne pas laisser tomber son service de passagers au-dessous de son service de marchandises, et elle le démontrera dans le plus bref délai, en prenant des mesures spéciales pour le développement du trafic de l’Atlantique Nord », a souligné le responsable de Hapag.
L’article du Journal de la Marine Marchande revient aussi sur les conditions des négociations ouvertes entre les deux armateurs. « On sait maintenant, indique l’article, que ces négociations ont été entamées sous la pression des banques, qui manifestaient clairement leur désir de voir à brève échéance la fusion totale des deux compagnies. » L’échec des négociations viendrait de ce que Hapag aurait demandé à Norddeutscher Lloyd de lui céder un de ses navires neufs. Le Lloyd a refusé. Hapag a alors suggéré d’exploiter en commun les deux plus grands navires de Norddeutscher avec comme port d’attache Cuxhaven, mais là encore Norddeutscher a refusé.
Dans les années qui suivirent, les deux armateurs ont continué de vivre à côté l’un de l’autre. La rupture de ces négociations, annoncées comme pouvant déboucher sur de nouvelles opérations communes se fera petit à petit. La Seconde Guerre mondiale et la défaite allemande auront raison des deux armateurs hanséatiques. Le 1er septembre 1970, avec rétroactivité au 1er janvier, Hapag et Norddeutscher Lloyd fusionnent pour former Hapag Lloyd. L’un des fleurons de la flotte allemande voit le jour. Si les années de la fin du XXe siècle ont su profiter à l’armement en s’impliquant dans la conteneurisation, les difficultés de la crise de 2008 ont montré les faiblesses de cette compagnie. Le nationalisme économique allemand a évité aux Allemands de voir un de leur armateur cédé à une société singapourienne. Entre les mains du groupe de tourisme TUI, Hapag Lloyd est toujours sous les feux de la rampe avec une volonté d’APL de Singapour de prendre une participation dans cet armateur.