Le cargo polyvalent TK-Bremen (109 m, immatriculation Malte, 1981, sur lest) « quitte le port de Lorient dans l’après-midi du 15 décembre pour mouiller au Nord de l’île de Groix, dans l’attente d’une amélioration des conditions météorologiques afin de pouvoir reprendre sa route vers l’Angleterre », indique la Préfecture maritime de l’Atlantique. « Ayant de grosses difficultés à tenir son mouillage, il tente d’en rejoindre un autre plus abrité et commence à dériver », poursuit-elle. À 0 h 40, il demande l’assistance d’un remorqueur qui ne peut sortir de Lorient. À 1 h 36, l’Abeille-Bourbon en alerte à Ouessant appareille. À 2 h 00, le cargo s’échoue sur une plage à 2 km au Sud de l’embouchure Etel, en zone protégée avec 190 t de fuel lourd et 40 t de diesel oil. Une heure plus tard commence l’évacuation par hélicoptère des 19 membres d’équipage. Le pompage des soutes commence en fin de journée. Lors de l’échouement, une cuve à combustible a été percée. Cinq exploitations ostréicoles sur la quarantaine installées dans le ria d’Etel ont été touchées, à la date du 20 décembre. Après l’assourdissant silence qui a accompagné la grave collision dont a été victime le chimiquier Ym-Uranus chargé de 6 000 t de solvants en octobre 2010 à 50 nautiques d’Ouessant (lire p. 61), l’événement du TK-Bremen déclenche un florilège de déclarations politiques. La Région Bretagne s’est portée partie civile au titre du « préjudice écologique » et a décidé de porter plainte pour « atteinte à l’image de la Bretagne ». Le parquet de Brest a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « comprendre pourquoi ce navire a quitté Lorient à un moment où les autres navires ne le quittaient pas ». Le capitaine a été entendu en qualité de « témoin assisté » et n’a pas été mis en examen, a indiqué le 21 décembre, à l’AFP, le procureur de Brest.
Interrogée lors des questions orales au gouvernement, la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet a indiqué, selon l’AFP, que le « navire serait déconstruit sur place si on ne pouvait le remorquer », et ce « dans les meilleures conditions environnementales ». La capitainerie du port de Lorient « a proposé au commandant de rester au port […] mais il a finalement décidé d’appareiller, nous voulons savoir pourquoi », a ajouté la ministre. « Nous voulons aussi savoir pourquoi le TK-Bremen, alors qu’il mouillait avec un autre navire dans une zone protégée au large de Groix, n’a pas tenu son mouillage et a dérivé sur la place ». Elle a réitéré son souhait d’élargir aux conditions météo les causes d’interdiction pour un navire de sortir, « mais je veux m’assurer que cette responsabilité nouvelle de l’autorité de police portuaire ne se substituera pas à celle du commandant ou de l’armateur, qui pourrait alors se défausser sur elle. Ce serait contre-productif », a-t-elle ajouté. Sans parler du droit positif actuel (lire p. 62) et de la concurrence entre ports.