Le Rhône est très bien orienté pour le trafic des conteneurs au départ de Marseille-Fos. Les chiffres enregistrés fin octobre indiquent une progression de 12,8 % avec 55 312 EVP sur dix mois. « On devrait passer facilement la barre des 60 000 boîtes », se réjouit Régis Martin, le monsieur activité fluviale du GPMM. Un record que se partageront à égale proportion les deux opérateurs, LogiRhône (filiale de CFT) et River Shuttle Containers (filiale de CMA CGM). À eux deux, ils assurent cinq rotations par semaine sur Lyon
Trois raisons du succès
Quelles sont les raisons d’un tel succès alors que le trafic conteneurisé du port stagne d’une année sur l’autre? La fiabilité retrouvée des quais « réformés » a, semble-t-il, bénéficié au transport fluvial. Les chargeurs se sont toujours montrés réactifs. En cas de problème portuaire, le mode fluvial est souvent le premier qui dégringole à l’avantage du camion et de la route. Ce n’est pas toujours le cas si on se souvient qu’en 2010 le trafic fluvial conteneur avait déjà fait un bond de 7,4 % sur Fos malgré les tensions sociales. Quoi qu’il en soit, le conteneur suit une embellie fluviale générale. Sur 10 mois, le volume global traité pour la voie d’eau sur Fos croît de + 14,1 % avec 2,537 Mt grâce aux matériaux de construction, au sel, au charbon et à la terre.
Autre raison, 2011 a connu l’ouverture d’une nouvelle ligne conteneurisée. Au lieu d’être une simple escale sur le trajet vers Lyon, le port fluvial de Valence est désormais assuré par une navette spécifique de LogiRhône à raison de deux rotations par semaine. Cette desserte qui a pris de l’ampleur (entre 7 000 EVP et 8 000 EVP pour 2011) est principalement alimentée par le groupe Leroy Merlin. La filiale de CFT a renforcé sa flotte composée aujourd’hui de cinq barges de 144 EVP et d’une de 66 EVP
Enfin, dernier argument, l’axe Rhône-Saône est désormais solidement ancré à travers un réseau de 8 plates-formes logistiques réunies sous l’enseigne promotionnelle de Medlink Ports: Pagny, Chalon, Mâcon, Villefranche, Lyon, Valence, Avignon-Le Pontet et Arles, et soutenu par VNF. Cet axe bénéficie de procédures douanières simplifiées. Tandis que le GPMM a consolidé sa stratégie de ports avancés en détenant 16 % du capital de Lyon Terminal et 10 % de Pagny Terminal. Cette véritable chaîne logistique sur Rhône-Saône assure déjà un fond de cale et un équilibre du remplissage entre les montées et les descentes.
Ces bonnes perspectives n’arrivent plus à être gâtées par trois espèces botaniques rares. Depuis trois ans, la Tolypella salina, la Riella helicophylla et l’Althenia filiformis bloquent la réalisation d’un canal de 3,5 km qui relierait directement le Rhône à la Darse 2, ses terminaux conteneurs et Distriport. La percée qui doit se réaliser dans une zone Natura 2000 bute sur une alerte d’associations environnementales. Le port a beau faire valoir l’intérêt écologique d’un ouvrage qui réduirait notablement les émissions de CO2 émis par le transport routier, les études traînent, d’autant que ces trois espèces sont peu connues des naturalistes et que les spécialistes sont rares. Une nouvelle et dernière expertise sera réalisée courant 2012 à partir de laquelle l’État arbitrera sur un projet où 34 M€ ont été inscrits au titre du contrat de plan État-Région.
Dans le courant de Fos 2XL
Dans le meilleur des scénarios, ce canal entrerait en fonction en 2015. Mais le GPMM n’est pas suspendu à cette ouverture pour tracer des perspectives positives. Le lancement de Fos 2XL devrait doper le trafic et dégagera des places supplémentaires pour le transbordement fluvial. Régis Martin fait les comptes: « Dans un calcul global, la part modale du fluvial pour le conteneur est de 6,4 % pour Marseille-Fos. Ramené aux bassins ouest, les seuls à être embranchés Rhône, cette part monte à 9 %. Ce n’est pas si mal pour un axe grand gabarit qui s’arrête à Pagny. » Assez pour penser que 2012 atteindra un nouveau seuil avec 70 000 EVP? Les opérateurs, s’ils reconnaissent ces chiffres, restent dans l’expectative. Pour LogiRhône, Alain Maliverney ne veut pas annoncer de prévisions. « La crise vient brouiller tous les schémas, même si après la réforme portuaire tout est là pour progresser. Quels seront les volumes? »
Rotations auxquelles il faut ajouter deux hebdomadaires sur Valence, deux autres sur Mâcon et une sur Chalon.