Il y a 82 ans… dans le Journal de la Marine Marchande

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Dans les périodes de surcapacité de la flotte marchande, la question de la déconstruction des navires revient toujours au-devant de la scène. Aujourd’hui, les navires sont envoyés dans les pays émergents pour être démolis quand les politiques réfléchissent à mettre sur pied une filière pour déconstruire ces navires. Une idée qui n’est pas si neuve que cela puisque déjà, en décembre 1929, le Journal de la Marine Marchande expose les grandes lignes d’une proposition faite par le capitaine Kirsten Tvede pour mettre en place un projet de subvention des démolitions de navires. Il s’agit « d’une politique propre à résoudre la crise du tonnage et celle des chantiers navals ». L’idée est « d’installer sous un même toit les deux industries de construction et de démantèlement des navires ».

Le principe énoncé par le commandant danois s’explique par la situation économique de la construction navale. Le marasme que connaît cette industrie en 1929 tient à la surproduction, explique le Capitaine Kirsten Tvede. Et il constate que les aides accordées par les gouvernements sont destinées principalement aux constructions neuves, « ce qui n’a fait qu’empirer les choses ». Son idée vise à verser des aides lors de la démolition d’un navire plutôt qu’à la construction. « Il faut que la vente à la démolition d’un vieux navire et la commande d’une unité de remplacement ne constituent qu’une seule et même affaire, donnant lieu à une seule commission. Si l’octroi d’une subvention est nécessaire, c’est au gouvernement de l’accorder, mais que ce soit le chantier de construction qui en bénéficie, et qu’elle prenne la forme de prêts à faible intérêt. Que le chantier de démolitions soit exempt d’impôts, au besoin, et qu’il puisse escompter ses effets au taux officiel, sans aucune majoration », écrit le marin danois. Au travers de cette proposition, l’armateur qui souhaiterait déconstruire un navire se verrait offrir un prix intéressant dès lors que le chantier aurait en commande un navire neuf.

Ce principe, du vieux pour le neuf, aurait dû relancer l’industrie de la construction navale en France. Le Capitaine Kirsten Tvede a proposé cette idée au Japon et en Italie pour trouver des solutions aux difficultés de la construction navale. Si le projet a fait l’examen dans plusieurs pays, en 1929, il n’a jamais été appliqué. Vendre au prix d’un navire neuf un navire ancien plutôt que de le céder à ses concurrents est un fantasme d’armateur.

La crise actuelle des chantiers navals dans le monde en raison de la surcapacité pourrait trouver dans ce projet une idée pour se relancer. Ce serait un peu oublier l’Europe et ses règles qui refusent toute subvention d’État à une industrie pour ne pas fausser la concurrence. Cette idée doit cependant être étudiée dans un contexte d’une demande de création d’une filière de déconstruction des navires. Les péripéties de navires entre l’Europe, l’Inde, le Pakistan et leur retour en Europe, à l’image du Charles-de-Gaulle, ont mobilisé l’industrie maritime sur le sort des vieux navires dont la démolition doit se faire dans des conditions techniques avancées.

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