Trouver un chemin entre concurrence et coopération

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L’île de La Réunion et son port sont situés dans le sud-ouest de l’océan Indien. Dans cet espace, Port Réunion entre en concurrence avec plusieurs autres places portuaires. Il y a Port Louis (Île Maurice) dont le trafic total s’est élevé à 6,2 Mt en 2010 (+ 6 %) et le trafic conteneurs à 219 252 EVP (+ 9,2 %) dont 6 529 EVP pour le transbordement. Il y a le port de Tamatave (île de Madagascar) avec 141 043 EVP en 2010. Sur cette île, il y a aussi le port d’Ehoala (Fort Dauphin) « qui prend de plus en plus d’importance et pourrait devenir le premier port de Madagascar dans les prochaines années », explique Gilles Ham-Chou-Chong, directeur de la concession de Port Réunion. Selon ce dernier, la province sud de Madagascar est en train de se développer et de s’enrichir fortement grâce à l’exploitation de minerais et au tourisme. Sachant que la province bénéficie non seulement du port d’Ehoala mais aussi d’un bon réseau ferré. Enfin, il ne faut pas oublier Longoni (Mayotte) avec 52 732 EVP en 2010 (+ 14 %).

L’importance grandissante de la Chine et de l’Inde

Selon les données de la Deal, en 2010, la part des échanges de La Réunion s’est élevée à 58 % avec l’Europe, 26 % avec l’Asie orientale, 14 % avec l’Afrique de l’Est et 2 % avec le reste du monde. Par Afrique de l’Est, il faut comprendre les pays comme l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Botswana, puis après le reste de la région de l’océan Indien.

Il faut aussi relever qu’en 5 ans, les échanges avec la Chine ont doublé, ce qui peut signifier que l’île se tourne de plus en plus vers ce pays plutôt que vers l’Union européenne. Il ne faut pas non plus oublier l’importance de l’Inde dans la région, qui pourrait devenir de plus en plus grande. Pour Gilles Ham-Chou-Chong, l’avenir du port et de l’île repose sur la régionalisation et la coopération. « La Réunion doit s’intégrer dans sa région. Cesser d’importer autant d’Europe. Profiter de sa position sur la route entre l’Asie et l’Afrique. Il faut développer la coopération avec les îles proches et notamment Madagascar dans le domaine de la croisière mais aussi du fret avec plus de transbordement. La capacité de transbordement de Port Réunion pourrait être de 50 000 EVP. » Sachant que l’idée serait de faire du transbordement entre l’Île Maurice, La Réunion et Fort Dauphin. Il reste à trouver des solutions aux freins que constituent les normes et les règlements sanitaires ou douaniers européens. En matière douanière, Port Réunion est un port européen et doit respecter le système de déclaration de marchandises en vigueur depuis le 1er janvier 2011. Une autre piste de développement pour l’île est d’aider les pays voisins à rattraper le niveau de vie réunionnais, avance le directeur de la concession de Port Réunion. Du côté du conseil régional de La Réunion, le développement de l’île doit « naturellement s’appuyer sur quelques secteurs clés: le tourisme, l’agroalimentaire, les TIC, l’énergie, etc., en accentuant son potentiel d’innovation et d’entreprenariat ». Les énergies renouvelables, et plus largement la mer, constituent aussi des potentiels de développement pour l’avenir. Dans le même temps, continue le conseil régional, l’île doit s’ouvrir à son environnement au sein de l’océan Indien et principalement auprès de quelques pays cible comme l’Île Maurice, l’Afrique du Sud, l’Inde, l’Australie et la Chine.

Un exemple de coopération

La coopération est déjà en marche, plus particulièrement dans le domaine du tourisme avec le concept des « îles vanille » dans lequel sont associés La Réunion, l’Île Maurice, les Seychelles, Madagascar et les Comores. Ce concept a été élu récemment « meilleur concept touristique de l’année » par l’Union européenne. L’idée repose sur le constat que les îles Maurice, Réunion, Seychelles, Madagascar et Comores ont « une vraie légitimité historique et des valeurs communes qui représentent une réelle opportunité à développer l’échange touristique entre elles ». Le tourisme est de plus en plus considéré comme un acteur incontournable de l’économie dans l’océan Indien, notamment car il est créateur d’emplois. Avec le concept des îles vanille, les pays concernés entendent « construire la toile de l’océan Indien en travaillant sur les connexions régionales, en exploitant les liaisons, les dessertes, les modes et réseaux de transport existant ». Ils souhaitent aussi proposer une offre régionale cohérente et attractive afin de créer des passerelles entre les îles.

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