« En 2011, nous avons vécu un bon premier semestre. Depuis début juillet, un certain ralentissement s’est installé. Les perspectives ne sont pas excellentes pour la fin de l’année et début 2012 », témoigne Frédéric Royer, président de la station de pilotage maritime de La Réunion. Sur les 10 premiers mois de l’année 2011, 1 591 opérations ont été effectuées par les quatre pilotes de la station, soit une baisse de 7,5 % par rapport à 2010. Les recettes sont en repli de 3 % tandis que les volumes grimpent de 3,3 %. Comme le port, la station de pilotage de La Réunion a vécu un creux en 2009 avec des recettes en diminution de 12 % par rapport à 2008, puis un redémarrage positif en 2010. La chute des recettes en 2009 a permis aux pilotes d’obtenir une fixation des tarifs pour 2010, 2011 et 2012 contre une amplitude horaire du service agrandie de 5 h à 22 h au lieu de 18 h 30 auparavant. Les horaires de la station de pilotage se sont ainsi rapprochés de ceux de la manutention. Le remorquage, de son côté, est resté à 18 h 30, « le signe d’une absence de stratégie globale des services portuaires », selon Frédéric Royer. Ce dernier rappelle que le pilotage bénéficie depuis plus de 20 ans de la hausse des tonnages enregistrés à Port Réunion. Les tarifs du pilotage n’ont donc pas tendance à augmenter. Il y a eu deux baisses de tarifs au cours des années 1990. La dernière augmentation de tarif (+ 2,5 %) remonte à 2003. Parmi les événements marquants pour la station de pilotage maritime de La Réunion, l’arrivée d’une nouvelle vedette en 2010, baptiséeCimendef. Cette dernière a été construite par les chantiers Seaward de l’île de White et non pas en Bretagne par Sibiril. « Seaward est devenu propriétaire des moules Almatic. Le prix proposé était particulièrement intéressant, car pour eux le marché des bateaux de servitude est nouveau. Et le cours de la livre était à l’époque très bas », explique Frédéric Royer. Cimendef remplace une vedette plus ancienne qui a été vendue à la station de pilotage de la Guadeloupe. La station compte au total deux vedettes.
Des conditions nettement améliorées
Si le pilotage à Port Réunion, aussi bien au port Ouest qu’au port Est, demeure délicat, les conditions d’exercice se sont nettement améliorées depuis 2 ans grâce à un entretien désormais régulier des chenaux d’accès, soulignent les pilotes. Le projet de créer un simulateur électronique commun aux stations de pilotage des ports de Nantes, de Bretagne et de Martinique, sur les rails en 2007/2008, a finalement été abandonné. Les pilotes réunionnais vont donc continuer à aller s’entraîner sur les modèles réduits au 1: 25e de Port Revel. Après un premier stage de perfectionnement en 2007, un deuxième est programmé pour 2012. Ces derniers mois, la station de pilotage de La Réunion s’est aussi largement investie dans le développement de la coopération aussi bien au niveau de l’île, en participant à la constitution du Cluster maritime de La Réunion (voir p. 32) qu’au niveau régional. Sur ce dernier point, un premier forum de rencontre des pilotes des îles du Sud-Ouest de l’océan Indien a été organisé à La Réunion du 8 au 10 décembre 2010. Les pilotes des Seychelles, de Maurice, de Mayotte, des Comores, de Madagascar, de La Réunion ainsi qu’un représentant du pilotage de Majunga, Tulear et Diego-Suarez et un membre de l’administration maritime malgache ont participé à cet événement. Parmi les sujets abordés lors ce forum, la nécessité d’une coopération entre les différentes stations afin de garantir, à partir de l’expérience du pilotage maritime à La Réunion, la protection du littoral et la sécurité maritime à l’échelle de l’océan Indien. D’autres échanges ont porté sur la responsabilité civile et pénale des pilotes et ses conséquences, les règlements locaux (pilotage, police, exploitation), l’ISPS, les formations initiale et continue, les problèmes de recrutement, les simulateurs de manœuvres et les entraînements sur modèles réduits, le matériel, etc. La première action concrète de ce début de coopération régionale en matière de pilotage est la construction en cours d’un portail Internet des pilotes de l’océan Indien pour faciliter les échanges d’informations. Autre exemple concret de coopération en matière de pilotage dans cette partie de l’océan Indien: la signature avant l’été 2011 d’une convention entre la station de La Réunion et le port d’Ehoala (Fort Dauphin) situé au sud de Madagascar. Ehoala est un port multifonctionnel d’utilité publique en eaux profondes avec une gestion privée concédée à Rio Tinto pour 60 ans afin de permettre à ce groupe d’exporter l’ilménite et le zirsill extraits des mines proches. La convention met en place trois axes de coopération. Le premier: mettre en relation le seul pilote (de nationalité canadienne) d’Ehoala avec des pilotes français en retraite pour organiser son remplacement, lors de ses congés, par exemple. Le deuxième: participer à la formation d’un deuxième pilote, de nationalité malgache, pour le port d’Ehoala quand il aura été recruté. Le troisième: remplacer en urgence le pilote d’Ehoala par un pilote de La Réunion en cas d’accident ou de maladie. Ce dernier point a déjà été appliqué une fois au mois d’août.